Eliza est féministe – Michelle Quach

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71qz24BroIL Gallimard – juin 2022 – 368 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle Troin

Titre original : Not Here to Be Liked, 2021

Quatrième de couverture :
Eliza n’a pas été élue rédac chef du journal du lycée. Pourtant, elle était la plus expérimentée et la plus qualifiée. C’est Len DiMartile qui a décroché le job -un sportif blessé qui vient tout juste de rejoindre le journal pour passer le temps et se trouve, accessoirement bien sûr, être un garçon.Alors Eliza écrit un pamphlet pour dénoncer le sexisme dont elle s’estime victime… et les choses s’emballent d’une façon inattendue !

Auteure : Michelle Quach est une graphiste et écrivaine vivant à Los Angeles. Elle est sino-vietnamienne-étasunienne et diplômée de l’Université Harvard, où elle a étudié l’histoire et la littérature.

Mon avis : (lu en décembre 2022)
Eliza est une adolescente intelligente et très sérieuse qui espère depuis des années accéder au poste de rédactrice en chef du journal du lycée. Elle est la plus expérimentée et la plus qualifiée pour le job, mais c’est après un vote que sera désigné le lauréat.
Eliza pensait être la seule candidate, mais voilà qu’au dernier moment Len DiMartile, sportif blessé qui a seulement rejoint le journal depuis moins d’un an, a décidé d’être également candidat. Eliza est très compétente mais l’attitude de Len est plus cool et c’est finalement lui qui est élu pour être le futur rédacteur en chef.
Se sentant victime d’une injustice, Eliza écrit à chaud un article féministe et cinglant pour dénoncer le sexisme de cette nomination. Un pamphlet qui n’est pas destiné à être publié, mais qui permet à Eliza de vider son sac…
Mais le lendemain, l’article est en ligne et malgré elle Eliza se retrouve à la tête d’un mouvement qui dénonce « le patriarcat bien présent » dans le lycée.
Ce premier roman de l’Américaine Michelle Quach, est bien plus profond qu’on pourrait le penser. Il invite le lecteur à se poser des questions autour du féminisme, mais aussi autour de la diversité ethnique et culturelle des États-Unis. Eliza, tout comme son auteure, est sino-vietnamo-américaine.
Cette lecture m’a également permis de découvrir le bubble tea… boisson dont je n’avais jamais entendu parler !

Merci Masse Critique Babelio et Gallimard pour cette belle découverte

Extrait : (début du livre)
Je partage une chambre avec ma grande sœur, Kim, ce qui ne serait pas un problème si elle n’avait pas la fâcheuse habitude de grimacer chaque fois que je passe la porte.
– Tu comptes sortir comme ça ? me demande-t-elle en pointant sa brosse à mascara vers moi avec une incrédulité aussi épaisse que son fond de teint.
– Ça ira très bien, dis-je en relevant mes manches, qui retombent aussitôt. Ne t’en fais pas pour moi.
Pour être honnête, j’avoue que mon gilet en polyester trop grand, du même gris que le bitume, n’avantagerait personne. Mais je m’en fiche. Je m’habille comme ça presque tous les jours. J’ai lu quelque part que des tas de gens haut placés ont une espèce d’uniforme qui leur permet d’économiser leur énergie mentale pour les choses importantes, et j’ai décidé de faire pareil. Kim trouve que c’est une horrible façon de vivre.
– Je croyais qu’aujourd’hui était un grand jour pour toi.
Je me laisse tomber sur mon lit avec un livre, un roman d’Eileen Chang que j’ai emprunté au hasard à la bibliothèque. J’aime bien, parce que l’héroïne est une fille chinoise maligne et pas commode du tout. Le monde a besoin de plus de gens comme elle. Bien sûr, ce n’est que mon avis.
– Alors ? insiste Kim après que j’ai tourné une page.
Je mords dans mon sachima cantonais à la fois sucré et collant, un peu comme des Rice Krispies mais sans les Chamallows. Puis, parce que l’impatience de Kim fait pratiquement de la buée à la surface de mon silence, je bois une longue gorgée de thé et tourne une autre page.
– Si, c’est un grand jour.
Aujourd’hui, l’équipe du Clairon de Willoughby, le journal de mon lycée, doit choisir son prochain rédacteur en chef. C’est un rituel sacré qui a toujours lieu au printemps et, cette année, comme je suis en première, je peux enfin être candidate.
– Donc, tu devrais te rendre présentable, affirme Kim en redessinant ses sourcils en forme de deux épaisses barres horizontales, dans le style des héroïnes de séries dramatiques coréennes. Tu ne veux pas que les gens votent pour toi ?Je n’ai jamais été du genre à enjoliver les apparences – la mienne y compris. En journalisme comme dans la vie, la seule chose qui compte, ce sont les faits purs et durs.

 

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