Anne-Marie Métailié – février 2022 – 336 pages
traduit de l’islandais par Eric Boury
Titre original : Þagnarmúr, 2020
Quatrième de couverture :
Dans une vieille maison, dans laquelle toutes les femmes qui y ont vécu se sont senties oppressées sans raison, un mur de la cave s’effondre et on trouve un corps.
Konrad, très intrigué par ce cadavre inconnu, enquête et fait resurgir des affaires traitées dans ses trois romans précédents. Par ailleurs, il presse la police d’élucider le meurtre de son père mais il a oublié qu’à l’époque il avait menti et se retrouve inculpé. Toujours dans une ambiance à la Simenon et avec un Konrad très ambigu, moyennement sympathique et noyé dans l’alcool.
Le Mur des silences est un beau roman noir sur la violence familiale, la vulnérabilité, les sacrifices et l’impunité, dans lequel les coldcases ressurgissent toujours.
Auteur : Arnaldur Indridason est né à Reykjavík en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l’auteur de romans noirs couronnés de nombreux prix prestigieux, traduits dans 40 langues et vendus à plus de 13 millions d’exemplaires.
Mon avis : (lu en juillet 2022)
C’est la quatrième enquête de Konrad, le nouveau personnage d’Arnaldur Indridason. En écrivant ce billet, je m’aperçois que je n’ai pas lu la troisième enquête… Je me rattraperai ultérieurement.
Tout commence avec la découverte macabre d’un corps emmuré depuis longtemps dans une maison. Certains anciens occupants de cette maison ne s’y étaient jamais sentis à l’aise sans en comprendre la raison.
Nous retrouvons Konrad, policier à la retraite et veuf. Il se questionne toujours sur les circonstances de l’assassinat de son père et plus de trente ans après, il enquête toujours pour résoudre cet affaire.
En parallèle, le lecteur suit l’histoire d’Elisa, une femme battue par un mari qui exerce également une grande emprise sur elle. Au fil des pages, le lecteur va découvrir que cette histoire se déroule dans le passé et qu’indirectement, elle a un lien avec le père de Konrad…
Je n’en dirai pas plus pour ne rien divulgâcher.
J’ai toujours autant de plaisir à lire du Arnaldur Indridason pour découvrir l’Islande à travers des sujets malheureusement toujours actuels.
Extrait : (début du livre)
Peu après être entrée dans la maison, Eyglo avait vite ressenti le malaise évoqué par la femme.
Il arrivait régulièrement que des gens l’appellent en lui demandant de venir chez eux parce qu’ils souffraient d’angoisses inexplicables. Certains cherchaient à entrer en contact avec leurs proches défunts et parlaient de bruits inquiétants. Eyglo refusait de participer à ces chasses aux fantômes, à quelques rares exceptions près, et elle avait réussi à se débarrasser de cette femme au téléphone quelques jours plus tôt en lui notifiant une fin de non recevoir assez ferme. Son répit avait été de courte durée.
Deux jours plus tard, par une soirée d’automne, une quinquagénaire qu’elle n’avait jamais vue était venue sonner à sa porte. Juchée en haut des marches, sous une pluie diluvienne et souriant d’un air embarrassé, elle avait avoué être la personne qui l’avait appelée récemment pour lui parler de sa maison. Elle s’était empressée d’ajouter qu’elle ne venait pas lui demander d’organiser une séance de spiritisme ou quoi que ce soit de ce genre, mais souhaitait uniquement qu’elle l’accompagne chez elle pour faire le tour de la maison et lui dire si, elle aussi, elle percevait quelque chose susceptible d’expliquer l’anxiété et le trouble qu’elle ressentait depuis qu’elle avait emménagé, une peur et une appréhension lancinantes qu’elle n’avait jusque-là jamais éprouvées.
Ne voulant pas laisser l’inconnue sous la pluie battante, Eyglo l’avait invitée à rentrer s’abriter à l’intérieur.
– Je sais que les fantômes n’existent pas, avait repris la femme en refusant de s’aventurer au-delà du vestibule, mais il y a dans cette maison quelque chose qui ne va pas. Oui… il y a quelque chose. J’en suis persuadée et j’aimerais savoir si vous le percevez aussi. Pardonnez-moi… mon Dieu, j’ai l’impression de devenir folle.
Eyglo l’avait invitée à s’asseoir sur la chaise dans l’entrée. Son interlocutrice s’était adressée à la Société islandaise de spiritisme et Malfridur, une amie d’Eyglo, lui avait suggéré de la contacter car personne n’était mieux placé qu’elle pour l’aider même si elle se montrait souvent assez réticente. Ce n’était pas la première fois que Malfridur lui envoyait des gens sans son accord alors qu’elle lui avait maintes fois répété vouloir cesser toute activité liée à la voyance, mais Malfridur ne l’écoutait pas.
Déjà lu du même auteur :
La Cité des jarres
La Femme en vert
La Voix
L’Homme du lac
Hiver Arctique
Hypothermie
La rivière noire
Bettý
La muraille de lave
Étranges rivages
Les nuits de Reykjavik
Le lagon noir
Opération Napoléon
Passage des ombres