La Martinière – janvier 2022 – 352 pages
traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün
Titre original : Þorpið, 2019
Quatrième de couverture :
Recherche professeur au bout du monde. Voici une petite annonce qui découragerait toute personne saine d’esprit. Pas Una. La jeune femme quitte Reykjavík pour Skálar, l’un des villages les plus reculés d’Islande, qui ne compte que dix habitants. Malgré l’hostilité des villageois. Malgré l’isolement vertigineux.
Là-bas, Una entend des voix et le son fantomatique d’une berceuse. Et bientôt, une mort brutale survient. Quels secrets cache ce village ? Jusqu’où iront ses habitants pour les protéger ?
Auteur : Ragnar Jónasson est né à Reykjavík en 1976. Grand lecteur d’Agatha Christie, il entreprend, à dix-sept ans, la traduction de ses romans en islandais. Découvert par l’agent d’Henning Mankell, Ragnar a accédé en quelques années au rang des plus grands auteurs de polars internationaux. La Dernière Tempête clôt la trilogie » La Dame de Reykjavík « , mettant en scène l’enquêtrice Hulda Hermansdóttir à plusieurs âges de sa vie, en remontant le temps. Ce dernier volet se déroule 25 ans avant La Dame de Reykjavík et 10 ans avant L’Île au secret. Les œuvres de Ragnar sont traduites dans une trentaine de pays.
Mon avis : (lu en février 2022)
« Recherche enseignant au bout du monde », sur un coup de tête Una décide de répondre à cette petite annonce peu commune. Sa vie à Reykjavík ne lui convient plus, elle imagine que cette aventure pourrait lui faire le plus grand bien… Ce bout du monde c’est Skálar, un village situé à l’extrémité nord-est de l’Islande, sur la pénincule de Langanes, à huit heures de route de Reykjavík. Un hameau de dix âmes pas plus et parmi eux, deux jeunes élèves : Eda et Kolbrun. Una va loger chez Salka, qui élève seule sa fille Eda.
L’accueil à Skálar est assez froid, les gens sont le plus souvent gentils mais gardent leur distance vis à vis de la nouvelle arrivée. Dès les premières heures, Una ressent un malaise, chacun de ses gestes sont épiés, ses nuits sont hantées par le fantôme d’une petite fille… En plus des conditions météorologiques rudes et hostiles, l’atmosphère du village est oppressante, secrète car toute la petite communauté reste unie et fermée aux étrangers.
Dans cette histoire, il faut attendre près de la moitié du livre avant qu’un évènement dramatique arrive et Una va se mette à poser des questions, trop de questions ?
Ce huis clos est inégal, j’ai aimé les descriptions de la nature, de l’atmosphère de ce long hiver islandais. Mais l’intrigue n’est pas aussi palpitante que d’habitude, et j’ai été un peu perdu par les passages en italique qui relate des évènements du passé. La description du village et de chacun des habitants manque de profondeur. Je suis un peu déçue.
Extrait : (début du livre)
Una se réveilla en sursaut.
Elle ouvrit les yeux. Plongée dans l’obscurité, elle ne voyait rien. Incapable de se rappeler où elle se trouvait, elle avait la sensation d’être perdue, allongée sur un lit inconnu. Son corps se raidit dans un soudain accès de panique. Elle frissonna, puis comprit qu’elle avait jeté sa couette par terre dans son sommeil. Il faisait un froid glacial dans la chambre. Elle se redressa doucement. Prise d’un léger vertige, elle se ressaisit rapidement et se souvint tout à coup d’où elle était.
Le village de Skálar, sur la péninsule de Langanes. Seule, abandonnée dans son petit appartement sous les combles.
Et elle savait ce qui l’avait réveillée. Enfin, elle croyait savoir… Avec ses sens encore engourdis, difficile de distinguer le rêve de la réalité. Elle avait entendu du bruit, un étrange son. Tandis que sa conscience s’éclaircissait, la peau de ses bras se couvrit de chair de poule.
Une fillette, oui, c’était ça, à présent cela lui revenait très nettement : une petite fille qui chantait une berceuse.
N’y tenant plus, elle s’extirpa du lit, tâtonna dans les ténèbres à la recherche de l’interrupteur du plafonnier.Complètement aveugle, elle pesta de ne pas avoir de lampe de chevet. Pourtant, elle hésitait encore à allumer ; l’obscurité avait quelque chose de sécurisant.
La voix de la petite fille résonna de nouveau dans sa tête, fredonnant cette berceuse qui ne lui laissait qu’un souvenir flou. Il devait s’agir d’un rêve, bien sûr, mais cela lui avait semblé si réel.
Un grand fracas déchira le silence. Retenant un cri, elle perdit l’équilibre. Bon sang, que se passait-il ? Envahie d’une vive douleur, elle comprit qu’elle avait marché sur le verre de vin rouge abandonné par terre la veille au soir. Elle passa la main sous son pied ; un tesson s’était fiché dans sa peau, et un filet de sang chaud s’échappait de la plaie. Elle tira prudemment sur le bout de verre en serrant les dents.
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