L’Escampette – mars 2021 – 186 pages
Quatrième de couverture :
Leurs problèmes conjugaux respectifs contraignent deux amis d’enfance à cohabiter, malgré « une incompatibilité presque parfaite »… Leurs chamailleries continuelles mais aussi des rencontres inattendues, comme celle d’une migrante syrienne, vont faire renoncer à ses préjugés machistes l’animateur de radio divorcé, et à sa peur des étrangers le comptable pantouflard. Satire ironique et affectueuse, où rôdent l’amour et l’humour, ce délicieux roman dans la lignée de Robert Benchley et Woody Allen fait à la fois beaucoup rire et beaucoup songer.
Auteur : Eliane Saliba Garillon, qui écrit en français, est libanaise. Elle assure, archives à l’appui, que sa famille s’est implantée au Pays du Cèdre vers 60 après J-C, et qu’elle a pour ancêtre un roi de Sparte ! Après des études à l’université Saint-Joseph de Beyrouth, elle a beaucoup voyagé, en particulier aux États-Unis et en France, mais elle a passé les années de guerre civile au Liban, où elle vit actuellement.
Mon avis : (lu en janvier 2022)
Comme on le voit sur la couverture très réussie de ce livre, cette histoire se passe à San Francisco sur Lombard Street. Mel et Martin sont deux hommes d’âge mûr, amis d’enfance et pourtant si différents : Martin est comptable, un peu radin, tatillon, ronchon et qui continue à parler à Fleur, sa femme décédée depuis 9 mois, Mel est un bon vivant, animateur de de radio, très bavard, un optimiste à tout épreuve, dépensier plus que de raison… La veille de Noël, Mel est mis à la porte de chez lui par sa femme et il trouve donc naturellement refuge chez Martin.
Entre ces deux êtres dissemblables, la cohabitation s’annonce haute en couleurs… Au bout de quelques semaines, il devient urgent de faire appel à une femme de ménage et Nesrine, une migrante syrienne, va entrer dans leurs vies et bousculer leurs préjugés. Mel se réfugie souvent à Faye Park, un jardin bien caché proche de chez Martin, où il a son banc préféré… Il va y rencontrer Rita, une femme ayant la soixantaine, cultivée mais assez mystérieuse sur sa vie. Mel et Rita vont se retrouver régulièrement à Faye Park pour de nombreuses conversations…
Voilà un roman qui fait du bien, qui nous fait rire, sourire et réfléchir. J’ai beaucoup aimé !
Extrait : (page )
― Je te dérange ?
― Bien sûr que non ! Il fait glacial, j’attendais les résultats de la loterie avant d’entrer dans mon bain et j’ai mal à la tête.
― Tu vas quand même mieux que moi, lui ai-je fait remarquer en montrant ma valise.
― Seulement si tu penses qu’avoir une femme qui divorce est mieux que d’avoir une femme qui est morte. C’est vrai que Fleur était décédée d’un cancer neuf mois plus tôt. J’en avais eu beaucoup de peine et je savais que Birdy vivait très mal sa nouvelle solitude, d’autant plus que le couple n’avait pas eu d’enfants. C’était d’ailleurs pour cela que j’avais pensé à me réfugier chez lui au lieu de me jeter avec ma Camaro dans la baie de San Francisco.
― Elle t’a fichu dehors, n’est-ce pas ? a-t-il délicatement enchaîné.
― C’est moi qui suis parti.
― Tout à fait ton style de quitter ton fauteuil et ton verre de whisky par ce temps, une avant-veille de Noël et probablement sans un dollar en poche !
― Disons que c’était une décision commune.
― Et qu’est-ce qui a finalement déclenché cette séparation annoncée ?
― Trois moulins à poivre.
― Ça ne pouvait pas tourner autrement !
(1) Ponctuation