Miracle à la Combe aux Aspics – Ante Tomić

41eefX4ViTL Éditions Noir et Blanc – mars 2021 – 208 pages

traduit du croate par Marko Despot

Titre original : Čudo u Poskokovoj Dragi, 2009

Quatrième de couverture :
À sept kilomètres de Smiljevo, haut dans les montagnes, dans un hameau à l’abandon, vivent Jozo Aspic et ses quatre fils. Leur petite communauté aux habitudes sanitaires, alimentaires et sociologiques discutables n’admet ni l’État ni les fondements de la civilisation jusqu’à ce que le fils aîné, Krešimir, en vienne à l’idée saugrenue de se trouver une femme. Bientôt, il devient clair que la recherche d’une épouse est encore plus difficile et hasardeuse que la lutte quotidienne des Aspic pour la sauvegarde de leur autarcie. La quête amoureuse du fils aîné des Aspic fait de ce road-movie littéraire une comédie hilarante, où les coups de théâtre s’associent pour accomplir un miracle à la Combe aux Aspics.

Auteur : Originaire d’un petit village de Croatie, Ante Tomić, né en 1970, a obtenu un diplôme en philosophie et sociologie de l’université de Zadar. Devenu journaliste pour le quotidien Slobodna Dalmacija, il démontre un rare talent littéraire qui se confirme en 2000 dans son premier roman Što je muškarac bez brkova (Qu’est-ce qu’un homme sans moustache). Trois ans plus tard, il publie Ništa nas ne smije iznenaditi (Rien ne doit nous surprendre) qui décrit la vie des recrues dans l’Armée populaire yougoslave. Ces deux romans ont été adaptés à l’écran. En 2009 sort son roman le plus connu, Miracle à la Combe aux Aspics. Il est actuellement chroniqueur pour le journal Slobodna Dalmacija.

Mon avis : (lu en novembre 2021)
J’ai découvert ce livre grâce au Café Lecture de la Bibliothèque, il nous a été présenté avec un tel enthousiasme et comme l’auteur est Croate, impossible de ne pas le lire !
C’est un roman fantasque, rocambolesque, drôle et détonnant !
Au fin fond de la Dalmatie, dans un hameau à l’abandon, vivent Jozo Aspic et ses quatre fils en autarcie. Le père est assez insupportable, haineux, misogyne, il a la gâchette facile… Un beau jour, le fils aîné, Kresimir, décide d’aller en ville pour se marier. Il n’a pas quitté le hameau depuis quinze ans et espère bien retrouver une femme qu’il avait rencontré lors de son service militaire et dont il ne connaît que le prénom… Et c’en est fini de la tranquillité !
Ce roman est à la fois une comédie, un road-movie, un thriller…
L’intrigue est foutraque, les rebondissements sont présents presque à chaque page, tout comme l’humour…
Ce roman m’a fait pensé à certains romans du finlandais Arto Paasilinna…
Une lecture incroyable, vraiment divertissante !

Extrait : Chapitre Un

Consacré aux dizaines de manières de préparer la polenta, aux choses à ne pas faire lorsqu’on lave des vêtements de couleur, et à la soupe servie dans un cendrier. Deux hommes manquent de se faire assassiner, un autre désire se marier, et l’on ne sait pas qui est le plus à plaindre.

Loin dans les montagnes se niche la Combe aux Aspics. Difficile à trouver, cachée, protégée comme une forteresse, avec une unique route praticable à travers un défilé sinueux qui, après un dernier contour, s’élargit soudainement sur un plateau karstique, pour buter, à peine deux cents mètres plus loin, sur une falaise à pic. Là, sur cette terre rocailleuse, rarement ensoleillée, s’étalent quelques champs de trèfle, deux ou trois rangs de patates et de pois chiches, deux insignifiants lopins d’oignons arrachés à grand-peine à l’enchevêtrement de ronces, de frênes et de charmes. Les fleurs orange des citrouilles rôtissent sur une minuscule parcelle défrichée ceinte d’un muret de pierres sèches.

Un village fantôme se recroqueville sur les bords du plateau, au pied de la falaise : une dizaine de maisons de pierre et d’étables basses aux tuiles fendues – abandonnées, en ruine, envahies par la végétation. Et, au milieu de ces décombres, s’élève la blanche et pimpante maison de Jozo Aspic, le seul à être demeuré là avec ses fils, sur la terre de sa tribu éparpillée. Cela fait longtemps que les autres Aspic sont partis s’installer dans des villes lointaines, trouver du travail, éduquer leurs enfants, et qu’ils ont oublié leur pays et leur long passé séditieux.

C’étaient des hommes fiers et insoumis, des brigands et des contrebandiers : dissimulés sous des peaux de mouton, ils bondissaient hors du troupeau et, de leurs lames courtes et recourbées, tranchaient la gorge tour à tour aux percepteurs ottomans, aux géomètres autrichiens, aux gendarmes, policiers et facteurs yougoslaves. Les chroniques ecclésiales rapportent bon nombre d’accidents où quelque fonctionnaire, ayant surestimé sa propre autorité, s’était aventuré dans la Combe aux Aspics. Longtemps, très longtemps, personne n’en entendait plus parler. Et puis des bergers le retrouvaient dans un fossé, rongé par les bêtes. Ils le reconnaissaient à son uniforme brodé d’or, que le pauvre avait fièrement porté de son vivant.

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