Folio – novembre 2021 – 400 pages
La Table Ronde – juin 2020 – 352 pages
Libra Diffusio – janvier 2021 – 441 pages (Grands Caractères)
Quatrième de couverture :
« Jane Austen était morte à l’âge de quarante et un ans sans mari ni enfants, seulement une sœur dévouée. Violet n’avait même pas cela, et elle n’avait certes pas plusieurs romans à son actif. Il ne lui restait que trois ans pour rattraper Miss Austen en termes de créativité. »Winchester, 1932. Violet Speedwell, trente-huit ans, fait partie de ces millions de femmes restées célibataires depuis la pénurie d’hommes d’après-guerre. Pour échapper à une mère acariâtre, elle décide de prendre son envol. Mais son célibat lui attire plus de mépris que d’amitié. C’est au sein du cercle des brodeuses de la cathédrale qu’elle trouvera le soutien qui lui manque pour affronter les préjugés de son époque. Grâce à Arthur, le sonneur de cloches, elle découvre aussi un tout autre cercle, masculin cette fois. Au même moment, la radio annonce l’arrivée d’un certain Hitler à la tête de l’Allemagne.
Auteur : Tracy Chevalier est américaine et vit à Londres depuis 1984 avec son mari et son fils. Spécialiste des romans historiques et des portraits de femmes, elle est l’auteur du Récital des anges (2002), de La Dame à la Licorne (2003), de La Vierge en bleu (2004), de L’Innocence (2007), de Prodigieuses créatures (2010), La dernière fugitive (2013) et de La Jeune Fille à la perle (2000) adapté au cinéma par Peter Webber en 2002, et interprété par Scarlett Johansson.
Mon avis : (lu en novembre 2021)
Je n’avais pas eu l’occasion de lire ce livre de Tracy Chevalier lors de sa sortie, j’ai donc accepté avec grand plaisir de le découvrir lors de sa sortie en format poche.
Cette histoire se passe en 1932, en Angleterre, à Winchester. Violet a 38 ans, elle est dactylo. Après la guerre et la mort de son fiancé, Violet est restée célibataire, elle fait partie des « femmes excédentaires » vouée à rester vieille fille… Pour fuir une mère autoritaire, Violet a décidé de prendre son indépendance et de quitter Southampton pour Winchester. Elle veut prendre en main sa vie pour se sentir libre.
En allant à la cathédrale de Winchester, elle pousse la porte et va alors découvrir le « Cercle des brodeuses » et ses bénévoles qui œuvrent pour la cathédrale en réalisant de superbes coussins et tapis pour les sièges, bancs et agenouilloirs. Violet va entrer dans le Cercle et apprendre les secrets de la broderie. Elle va également rencontrer les membres d’un autre cercle de la cathédrale, celui des sonneurs de cloches.
Un roman que j’ai dévoré d’une traite, plein d’émotion, d’humanité et d’information sur la condition des femmes à cette époque.
Extrait : (début du livre)
« CHUT ! »
Violet Speedwell plissa le front. On n’avait pas à lui faire chut ; elle n’avait rien dit.
L’auteur du « chut ! », une femme autoritaire arborant un casque de cheveux gris, était plantée sous la voûte qui conduisait au chœur, partie de la cathédrale de Winchester que préférait Violet. Le chœur se trouvait au milieu du bâtiment, la nef se déployant dans un sens, le sanctuaire et l’arrière-chœur dans l’autre, les bras courts des transepts nord et sud s’étirant de chaque côté pour compléter la croix formée par l’ensemble de la structure. Les autres parties de la cathédrale présentaient des inconvénients : la nef était immense, les bas-côtés balayés de courants d’air, les transepts sombres, les chapelles trop majestueuses, l’arrière-chœur isolé. Mais le chœur avait un plafond plus bas et des stalles en bois sculpté qui donnaient au lieu une dimension plus humaine. Il était luxueux sans être trop grandiose.
Violet jeta un coup d’œil par-dessus l’épaule de la femme. Elle avait seulement voulu entrer un instant pour regarder. Les stalles du chœur et les sièges de l’avant-chœur adjacent semblaient occupés en majorité par des femmes, étonnamment nombreuses pour un jeudi après-midi. Il devait y avoir un office spécial. Nous étions le 19 mai 1932, la Saint-Dunstan. Saint patron des orfèvres, Dunstan était connu pour avoir repoussé le diable avec une paire de pincettes, mais il y avait peu de chance qu’une cérémonie en son honneur attire autant de paroissiennes.
Elle étudia les fidèles qu’elle apercevait. Les femmes étudiaient toujours les autres femmes, et d’un œil bien plus critique que ne le faisaient les hommes. Les hommes ne remarquaient pas les bas filés, le rouge à lèvres sur les dents, la coupe de cheveux démodée, la jupe tendue de manière peu flatteuse sur les hanches, les boucles d’oreilles en strass un peu clinquantes. Violet remarquait chaque défaut, et connaissait chaque défaut que les autres repéraient chez elle. Elle pouvait en fournir la liste elle-même : des cheveux trop plats d’une couleur indéfinissable ; des épaules tombantes comme à l’époque victorienne ; des yeux si enfoncés qu’on en distinguait à peine le bleu ; un nez qui avait tendance à rougir quand elle avait trop chaud ou bu ne serait-ce qu’une goutte de sherry. Elle n’avait besoin de personne, homme ou femme, pour lui signaler ses points faibles.
(9) Objet
Déjà lu du même auteur :
Prodigieuses créatures
La jeune fille à la perle