La force de l’ordre – Frédéric Debomy, Didier Fassin, Jack Raynal

 Delcourt – octobre 2020 – 104 pages

Quatrième de couverture :
Une saisissante enquête anthropologique auprès de policiers en banlieue parisienne. L’engrenage terrible de l’ennui, de la pression du chiffre et des éruptions de violence… adapté d’un essai qui fit date.
D. Fassin a partagé pendant deux ans le quotidien d’une brigade anti-criminalité. Loin des imaginaires du cinéma ou des séries, il raconte l’ennui des patrouilles, la pression du chiffre, les formes invisibles de violence et les discriminations. Cette enquête « ethno-graphique » montre à quel point les habitants de ces quartiers restent soumis à une forme d’exception sécuritaire.

Auteurs : Frédéric Debomy est né en 1975. Il réside à Montpellier. Membre fondateur de l’association Khiasma (un projet initié par Olivier Marboeuf), il est également le responsable de l’association Info Birmanie et le directeur artistique du festival international du film des droits de l’homme de Paris. Scénariste de bande-dessinée, il marie avec sensibilité et intelligence son travail d’auteur et son engagement pour le respect de la personne humaine. Après deux ouvrages avec le dessinateur belge Louis Joos, Suite bleue (2001) puis Une vie silencieuse (2016), il signe avec Olivier Bramanti un bouleversant carnet dessiné sur le génocide rwandais intitulé Turquoise (2012).
Didier Fassin est né en 1955 et réside à Paris. C’est un anthropologue, sociologue et médecin français. Il est professeur de sciences sociales à l’Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Fin 2019, il est élu au Collège de France sur une chaire annuelle consacrée à la santé publique. Didier Fassin est l’auteur de l’enquête originelle La Force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, paru au Seuil en 2011. Il a consacré nombres de travaux aux inégalités sociales, raciales, sanitaires, ainsi que celles liées la justice. 
Jake Raynal Réside en Ile-de-France. Il publie dans le magazine Fluide Glacial depuis 1994, dans un premier temps des histoires courtes indépendantes. Ces planches qu’il scénarise et dessine se caractérisent par des thèmes souvent fantastiques, et un humour absurde qui contraste avec l’apparence très sombre et sérieuse des dessins. Ces histoires ont été réunies dans deux albums aux éditions Fluide Glacial et Les Rêveurs. En 2003, il lance dans le magazine la série Melody Bondage qu’il scénarise, le dessin étant assuré par Claire Bouilhac. Il réalise également avec cette dessinatrice la série de comic strip Francis. Aujourd’hui, il s’illustre dans un tout autre genre, en réalisant le dessin de La Force de l’ordre (2020).

Mon avis : (lu en avril 2021)
Cette BD est l’adaptation d’un livre de sciences sociales paru en 2011, une anthropologie de la police des quartiers. Entre 2005 et 2007, Didier Fassin a partagé le quotidien d’une brigade anti-criminalité (BAC). La “BAC”, c’est une police banalisée, spécialisée dans le flagrant délit, mais qui est surtout connue pour ses méthodes musclées…
Faire de longues rondes en voiture pour espérer tomber sur un flagrant délit est loin d’être aussi palpitant que ce que l’on voit dans les séries policières. C’est surtout pour les patrouilles des heures d’ennui pour peu de résultat…
La frustration et l’ennui engendrent des déviances multiples. Ainsi lorsqu’il y a enfin de l’action, les policiers font souvent preuve d’excès de zèle et d’abus de pouvoir.
Pour ajouter à la banalité du quotidien, la politique du chiffre instaurée dès le début par le Ministère pousse les policiers à provoquer eux-mêmes les problèmes pour se créer des motifs d’interpellations. Ils utilisent le harcèlement, l’humiliation et la violence… Les comportements agressifs des policiers la BAC en banlieue sont également dus au recrutement : ce sont de jeunes policiers blancs venant de la province loin de la mixité sociale du milieu dans lequel ils doivent intervenir. Les policiers ont peur des gens de la banlieue comme les habitants de la cité ont peur de la BAC. Ainsi, au lieu d’apprendre à se connaître en bonne intelligence et à se respecter, ils finissent par s’opposer et s’affronter. Finis les gardiens de la paix, la BAC est crainte et elle fait la loi ! Le racisme ordinaire est très présent et les policiers affichent ouvertement leur sympathie pour l’Extrême Droite. Les différentes représentations des écussons des diverses BACs sont également édifiantes quant à la violence et les clichés que cela symbolise…
Une BD d’actualité qui décrit les comportements excessifs de certains policiers et qui, sans les excuser, tente d’expliquer pourquoi et comment la police en est arrivée là. Cette BD permet de diffuser largement ce travail d’enquête anthropologique très intéressant et facile à lire.

Extrait :

Petit Bac 2021
(4) Météo

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