Fleuve éditions – novembre 2018 – 360 pages
10×18 – juin 2020 – 408 pages
traduit du norvégien par Hélène Hervieu
Titre original : Liebhaberne, 2017
Quatrième de couverture :
Après une vie mouvementée, Tormod Neshov, le patriarche de la famille, coule enfin des jours paisibles dans sa maison de retraite. Plus rien ne l’empêche désormais de baigner dans les souvenirs de son premier amour, une histoire qu’il a dû nier toute sa vie et que pourtant il n’a jamais oubliée. Pour rien au monde il ne souhaite donc retourner à la ferme où règne dorénavant sa petite-fille Torunn. Bien décidée à honorer désormais son héritage et à remettre l’exploitation en état, elle s’investit aussi dans l’entreprise de son oncle Margido, lequel, après des années de solitude, commence enfin à s’ouvrir au monde. Erlend, de son côté, a pris un congé à son travail pour garder un oeil sur la rénovation de la villa de Klampenborg. Tout pourrait être parfait… si son compagnon Krumme n’était pas d’une humeur de chien à cause de son nouveau régime. Comme souvent, c’est lorsqu’on pense que la vie est un long fleuve tranquille que de nouveaux événements viennent tout faire basculer.
Auteur : Anne B. Ragde a tout d’abord été professeur de communication à l’université de Trondheim. Ses débuts en littérature datent de 1986 avec un livre pour enfants intitulé Hallo! Her er Jo (Bonjour, voici Jo !). Depuis lors, elle a écrit plusieurs livres pour enfants et adolescents, et parmi eux une biographie de Sigrid Undset, pour laquelle elle a reçu le Prix Brage. Son premier roman destiné aux adultes, En tiger for en engel (Un tigre pour un ange), a été publié en 1990. Elle a écrit plusieurs romans, des thrillers et des recueils de nouvelles. Son roman La Terre des mensonges a reçu un accueil très chaleureux des lecteurs et des critiques, en Norvège comme en France ; le livre a par ailleurs été traduit en plus de 20 langues. Avec La Ferme des Neshov (prix des libraires de Norvège en 2005) et L’Héritage impossible, cette trilogie a rencontré un vif succès et a fait l’objet d’une adaptation télévisuelle, suivie par plus d’un million de téléspectateurs norvégiens.
Mon avis : (lu en décembre 2020)
C’est le cinquième roman de la série de la famille Neshov. Margido est toujours à la tête de son entreprise de pompes funèbres et sa nièce Torunn l’aide maintenant. Cette dernière a entrepris la rénovation de la ferme dont elle est devenue la seule propriétaire. Torunn y vit seule avec Anna, sa jeune chienne husky pleine de vie et pleine de poils…
Tormod, le patriarche, est maintenant heureux dans la maison de retraite, le personnel est aux petits soins avec lui et Torunn et Margido viennent souvent le voir et sont attentifs à son confort. Erlend vit toujours exilés au Danemark avec Krumme, ils ont maintenant trois enfants, Ellen, Leon et Nora, dont ils partagent la garde avec les mamans. Erlend s’occupe des travaux de rénovations de la villa où ils pourront tous vivre ensemble.
Un roman au rythme lent, plein d’humanité et de nostalgie avec une conclusion inattendue qui annonce une suite à cette saga.
Extrait : (début du livre)
Au moment où la musique commença à résonner dans la pièce, Margido releva la tête et son regard s’échappa vers la fenêtre de son bureau. La mélodie et le texte étaient d’une telle beauté que cela le prit tout à fait au dépourvu. Un long moment, pendant qu’il relisait le programme du déroulement des obsèques et vérifiait une troisième fois les dates au cas où il aurait laissé passer une erreur, il n’avait prêté qu’une oreille distraite à ce que disaient de jeunes hommes dans un studio de radio en parlant tous en même temps de la manière dont ils avaient travaillé pour sortir leur premier album.
En dehors de la nef de l’église ou de la salle de cérémonie, la musique n’occupait pas une grande place dans sa vie, il n’avait même pas de chaîne hifi chez lui. Mais la radio était souvent allumée avec le son assez bas quand il était seul au bureau. Il adorait les beaux psaumes et il était presque toujours ému par la musique que les proches choisissaient pour les funérailles. Il y était question de perte, de chagrin, de la vie telle qu’elle avait été vécue jusqu’à l’instant où la mort avait pris le relais.
Il fut frappé par la pensée qu’il n’y avait pas au fond une énorme distance entre la grande beauté et le chagrin. Car la musique qu’il écoutait maintenant, alors qu’il s’était attendu à de la musique de jeunes qui cassait les oreilles, était d’une beauté indicible, et elle lui procura une grande joie parce qu’il était joyeux au départ. Tandis qu’il y avait peut-être une autre personne quelque part qui écoutait la même musique, une personne plongée dans une si grande douleur que la mélodie et les mots étaient trop difficiles à supporter. Il pouvait rester ici à regarder par la fenêtre et s’adresser un petit sourire de connivence, cependant que l’autre personne voyait sa plaie se rouvrir en grand et était malheureusement obligée d’éteindre la radio pour ne pas en entendre davantage. Étrange, pensa-t-il, à l’image de la vie elle-même, tout aussi imprévisible.
Déjà lu du même auteur :
La Terre des mensonges
La Ferme des Neshov
L’héritage impossible
Zona frigida
Un jour glacé en enfer
La Tour d’arsenic
L’Espoir des Neshov
(8) Amour