Vie de Gérard Fulmard – Jean Echenoz

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Audiolib – Lu par Dominique Pinon

Minuit – janvier 2020 – 235 pages

Quatrième de couverture :
La carrière de Gérard Fulmard n’a pas assez retenu l’attention du public. Peut-être était-il temps qu’on en dresse les grandes lignes. Après des expériences diverses et peu couronnées de succès, Fulmard s’est retrouvé enrôlé au titre d’homme de main dans un parti politique mineur où s’aiguisent, comme partout, les complots et les passions. Autant dire qu’il a mis les pieds dans un drame. Et croire, comme il l’a fait, qu’il est tombé là par hasard, c’est oublier que le hasard est souvent l’ignorance des causes.

Auteur : Jean Echenoz est né à Orange en 1947. Il a obtenu le prix Médicis en 1983 pour Cherokee et le prix Goncourt en 1999 pour Je m’en vais. Toute son œuvre est publiée aux Editions de Minuit. Pour Audiolib, il a déjà lu Courir, Des éclairs, 14 et Ravel. Il a reçu en 2018 le prix SCAM Marguerite Yourcenar pour l’ensemble de son œuvre.

Lecteur : Ancien élève du Cours Simon, Dominique Pinon a débuté au cinéma avec Jean-Jacques Beineix. Il rencontre Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro et c’est Delicatessen, La Cité des enfants perdus, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain… Il poursuit une carrière hors normes, à l’écran comme à la scène, de Shakespeare, Beckett à Labiche. Grand lecteur, Dominique Pinon a enregistré pour Audiolib, entre autres, Le Hobbit, Prix Lire dans le Noir 2013 et L’extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, Prix Audiolib 2014, Héloïse, ouille ! et La Fontaine, une école buissonnière.

Mon avis : (écouté en avril 2020)
Jean Echenoz est un auteur dont j’apprécie les livres que j’ai eu l’occasion de lire. Mais pour celui-ci, j’ai été très déçue. L’auteur s’empare du genre polar, d’une manière très personnelle.
Le livre s’ouvre sur la chute fracassante d’un fragment de satellite soviétique obsolète sur un centre commercial voisin de la rue Erlanger, Paris XVIème où vit seul le narrateur et anti-héros Gérard Fulmard. Ce dernier est un ancien steward, licencié pour faute et qui a l’obligation d’aller chez un psychiatre deux fois par mois.

Bien décidé à prendre sa vie en main, Gérard Fulmard voit l’opportunité de devenir détective privé et accepte comme premier client un parti politique pas très net. Débutant, maladroit, il est souvent manipulé à son insu et ses résultats seront bien maigres…
L’intrigue est des plus farfelues, les différents personnages sont hauts en couleur comme par exemple les frères Apollodore et Ermosthène Nguyen, deux gardes du corps amateurs de jeu de go…
La rue Erlanger est également un véritable personnage, lors de digressions nombreuses, l’auteur évoque plusieurs évènements qui ont eu lieu dans cette rue. Cependant, Jean Echenoz a préféré ne pas faire référence au dernier évènement tragique datant du 5 février 2019 : le terrible incendie volontaire du 17 bis qui fit dix morts.
C’est très bien écrit, riche en vocabulaire mais l’histoire n’a vraiment ni queue, ni tête et je me suis vite ennuyée. Seule chose amusante pour moi, le lieu où se passe l’intrigue est mon quartier d’enfance et que je pouvais visualiser les lieux.
Pour la version audio, la voix posée et expressive de l’acteur Dominique Pinon est toujours très agréable à écouter.

Extrait : (début du livre)
J’en étais là de mes réflexions quand la catastrophe s’est produite.

Je sais bien qu’on en a déjà beaucoup parlé, qu’elle a fait éclore de nombreux témoignages, donné lieu à toute sorte de commentaires et d’analyses, que son ampleur et sa singularité l’ont érigée en classique des faits divers de notre temps. Je sais qu’il est inutile et peut-être lassant de revenir sur cette affaire mais je me dois de mentionner l’un de ses contrecoups car il me touche de près, même s’il n’en est qu’une conséquence mineure.
Propulsé à une vitesse de trente mètres par seconde, un boulon géant – format de sèche-cheveux ou de fer à repasser – est entré en force par la fenêtre d’un appartement, au cinquième étage d’un immeuble de standing, désagrégeant ses vitres en ébréchant son embrasure et, en bout de course, son point d’impact a été le propriétaire de cet appartement, un nommé Robert D’Ortho dont le boulon a ravagé la région sternale et provoqué la mort subite.
D’autres boulons s’en sont tenus à des dommages matériels, l’un défonçant une antenne parabolique, l’autre éventrant le portail d’une résidence située face à l’entrée du centre commercial. Épars, on en trouverait encore pas mal, plus tard, de ces boulons, au fil des investigations menées par des agents porteurs de combinaisons blanches, cagoulés et gantés. Mais ce ne seraient là qu’effets secondaires, épiphénomènes du désastre majeur qui vient de frapper la grande surface elle-même.
L’état de cet hypermarché, de fait, est désespérant. Depuis les débris de sa toiture effondrée s’élève une brume de poussière lourde qu’ajourent les hésitantes flammèches d’un incendie naissant. Dentelé, crénelé, ce qui reste de ses murs porteurs laisse voir à nu leur poutraison métallique griffue, deux d’entre eux se penchent l’un vers l’autre en rupture d’équilibre au-dessus de la zone de choc. La verrerie de ses façades, d’ordinaire constellée d’annonces promotionnelles, offres aguicheuses et slogans arrogants, se retrouve zébrée de pied en cap et disloquée aux angles. Dressés devant l’accueil, trois lampadaires se sont affaissés en s’embrassant, entortillant leurs têtes d’où pendillent les ampoules à vapeur de sodium, disjointes de leur douille. Quelques voitures, sur le parking attenant, ont été renversées sous la puissance du souffle, d’autres bossuées par des heurts de matières et, sous leurs essuie-glaces en parenthèses tordues, l’ensemble des pare-brise fait à présent défaut.

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Déjà lu du même auteur :

courir Courir  ravel_ Ravel 

des__clairs Des éclairs  93613107  14

 

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé maintenant par Camille

Qu’est-ce que j’ai mis en ligne ces dernières semaines ?

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Irena, tome 5 : La vie, après – Jean-David Morvan, David Evrard, Séverine Tréfouël, Walter
Parce que les fleurs sont blanches – Gerbrand Bakker

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

La Femme révélée – Gaëlle Nohant (Prix Audiolib 2020)
Moi, Mikko et Annikki – Tiitu Takalo (BD)

Que lirai-je les semaines prochaines ?

Bed Bug – Katherine Pancol (partenariat Audiolib)
Beloved – Toni Morrison (Prix Audiolib 2020)
Le dernier sur la plaine – Nathalie Bernard
Et mes yeux se sont fermés – Patrick Bard
A la vie – L’homme étoilé (BD)
Une saison à l’ONU au cœur de la diplomatie mondiale – K.Lebhour et A. Massot (BD)
Resurrection Bay – Emma Viskic (Masse Critique)

Bonnes lectures, bon courage pour tous, restez à la maison et protégez-vous !

Parce que les fleurs sont blanches – Gerbrand Bakker

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Grasset – janvier 2020 – 216 pages

traduit du néerlandais par Françoise Antoine
Titre original : Perenbomen boeien wit, 2007

Quatrième de couverture :
Leur mère est partie sans laisser d’adresse, mais les jumeaux Klaas et Kees ainsi que leur petit frère Gerson forment une fratrie heureuse, entourée par leur père, sans oublier leur chien. Jusqu’à ce dimanche matin ordinaire, lorsqu’ils prennent une route de campagne bordée d’arbres fruitiers pour rendre visite à leurs grands-parents. Dans la voiture, la discussion pour savoir si les fleurs des poiriers sont roses ou blanches s’anime. Une priorité à droite non respectée, et Gerson, treize ans, se réveille à l’hôpital.
Grâce à son art de saisir l’infiniment humain, en peu de mots mais avec une gamme infinie de nuances, Gerbrand Bakker nous raconte l’histoire déchirante de ce jeune garçon, mais aussi celle d’une famille unie dans sa volonté de surmonter l’épreuve. Un roman d’une puissance rare.

Auteur : Gerbrand Bakker est considéré comme un écrivain de tout premier plan aux Pays-Bas depuis de longues années, et le succès de Là-haut, tout est calme lui a également donné une grande notoriété internationale. Publié en français en 2009, ce roman a obtenu le prestigieux Prix Impac à Dublin ainsi que le Prix Millepages en France. Sont également parus en français les romans Le détour (2013) et Juin (2016).

Mon avis : (lu en avril 2020)
Depuis que sa femme est partie sans laisser d’adresse, Gerard élève seul ses trois fils Klaas, Kees et Gerson. Seule signe vie, l’envoi depuis l’Italie de cinq cartes postales par an pour Noël et les anniversaires. Le cachet de la poste est toujours illisible, impossible d’en savoir plus sur l’endroit de villégiature de la mère.
L’ambiance de la maison est chaleureuse, tous les quatre et le chien Daan vivent heureux et très unis.
Mais voilà qu’un dimanche matin où ils sont invités chez les grands-parents, tout bascule. Ils ont un accident de voiture sur une petite route de campagne qui traverse des vergers en fleurs. Le choc est violent et Gerson qui avait la place du mort, est le plus blessé de tous. A l’hôpital, Gerson va être aidé par Harald, un infirmier attentionné, pour tenter de se faire à sa nouvelle vie. Le retour à la maison est douloureux et malgré la bonne volonté de son père et des jumeaux, Gerson garde de la colère en lui et refuse l’aide de ses proches et surtout de s’envisager un avenir…
Avec une simplicité et une justesse des mots, Gerbrand Bakker nous livre à plusieurs voix l’histoire de cette fratrie bouleversée par cet accident.
La voix principale est celles de Klaas, Kees, assimilés à une seule personne, de temps en temps Gerson prend la parole et vers la fin du livre c’est Daan le chien qui raconte… Il se dégage de ce roman bouleversant, de la mélancolie, de la poésie.
J’ai beaucoup aimé.

Extrait : (début du livre)
Nous y jouions, avant. Nous y avons joué pendant des années. Jusqu’à il y a six mois, où nous y avons joué pour la dernière fois. Après, cela n’avait plus beaucoup de sens. Nous commencions toujours dehors, au pied du vieux hêtre devant la fenêtre du salon. Le hêtre était notre point de départ. Nous posions une main sur l’écorce, puis en général c’était Klaas qui lançait le compte à rebours. Klaas est l’aîné d’entre nous. Klaas a dix minutes de plus que Kees. Gerson a trois ans de moins que nous et est arrivé seul, sans frère jumeau. Il a des frères jumeaux, nous, Klaas et Kees.
Avant que Klaas ne commence à compter, l’un de nous annonçait la cible. La porte de la cuisine. Les saules têtards. Le poulailler du voisin. Parfois même une cible plus éloignée. Le fil barbelé entre les deux bandes de terre à côté de notre maison. La lucarne des toilettes des voisins. Occasionnellement, une cible de chair et de sang. Notre père. Le chien. L’inconvénient des cibles de chair et de sang, c’est qu’elles bougent, ce qui pouvait devenir problématique, surtout avec le chien. Celui qui sifflait le mieux à l’oreille du chien avait gagné. Non parce qu’il parvenait jusqu’à la cible, mais parce que la cible parvenait jusqu’à lui.
Gerson choisissait toujours les cibles les plus difficiles, des cibles qui vous obligeaient à marcher loin, à négocier des virages, à surmonter des obstacles. Les poutres au-dessus du fossé ou la clôture électrique. Des buissons. Des tombes. Et pas n’importe quelles tombes, des tombes bien précises, si bien que du bout des doigts vous deviez tâcher de déchiffrer le nom indiqué par Gerson. Gerson venait souvent dans ce petit cimetière situé presque en face de notre maison sur une butte en plein champ. Un cimetière vieux comme le monde, où l’on ne plaçait que très rarement de nouvelles pierres. Gerson connaissait par cœur toutes ces tombes, il pouvait se les représenter les yeux fermés. Pas nous. S’il avait choisi une tombe pour cible, il nous fallait lire l’inscription du bout des doigts, et ce n’était pas facile.
« Trois… deux… un… partez ! », disait Klaas, toujours très lentement.
À trois, nous fermions déjà les yeux. À deux et un, nous essayions de nous fabriquer mentalement une photo de la maison et des alentours. Mais Klaas avait beau décompter lentement, nous n’avions jamais assez de temps pour bien développer la photo. Il restait toujours quelques taches grises et floues dessus. Et ces taches étaient les endroits que nous aurions ensuite du mal à retrouver à l’aveugle. Sur le « partez ! », nous détachions nos mains du tronc. Les premiers pas prudents s’accompagnaient à tous les coups d’une collision. De fait, nous avancions tous trois vers la même cible. Mais passé les premiers pas, nos chemins se séparaient. Nos photos mentales étaient différentes et nous prenions d’autres directions. Nous essayions de marcher sans bruit. Rien ne devait distraire notre attention et rien ne devait révéler aux autres notre propre position.
Quand il n’y avait pas de vent, il régnait un énorme silence. Plus nous essayions de percevoir les pas des autres, plus nos oreilles bourdonnaient. Quand il y avait du vent, en revanche, la bourrasque s’engouffrait à travers les arbres avec la force d’un ouragan. De quel arbre provenait quel bruit ? Ce frémissement crépitant, c’était le peuplier solitaire à côté de la remise à vélos. Le chuchotis aigu et bref, ce devait être la petite rangée de saules étêtés, au bord du fossé longeant la maison. Le sifflement maigrelet, presque grésillant, provenait du cèdre dans le jardin de derrière. Le vent nous orientait, nous apprenions à reconnaître le bruit des arbres.

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(4) Couleur

Déjà lu du même auteur :
la_haut_tout_est_calme Là-haut, tout est calme

Irena, tome 5 : La vie, après – Jean-David Morvan, David Evrard, Séverine Tréfouël, Walter

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Quatrième de couverture :
1983, Jérusalem. Voilà 18 ans qu’Irena a été reconnue Juste parmi les nations par le peuple d’Israël. Pour autant, ce n’est qu’aujourd’hui qu’un arbre est planté en son honneur à Yad Vashem… Une reconnaissance tardive qui vient permettre à cette femme humble de continuer le récit de sa vie héroïque. Les derniers mots de son histoire sont dédiés au docteur Janusz Korczak qu’elle a connu, médecin et écrivain polonais qui a délibérément choisi d’accompagner les enfants de son orphelinat au camp de Treblinka…
Découvrez la conclusion émouvante de cette série poignante et d’utilité publique : le destin hors-norme de l’une des plus grandes héroïnes de la Seconde Guerre mondiale. Ce cinquième volume est préfacé par Marek Halter.

Auteurs : Né en 1969, Jean-David Morvan est l’un des scénaristes de BD les plus prolifiques de sa génération. Il s’est d’abord essayé au dessin mais abandonne les études pour devenir scénariste. Il publie ses premiers textes dans un fanzine où il rencontre Yann Le Gall avec qui il écrira en 2001 la série Zorn et Dirna. En 1994, il publie Nomad avec Sylvain Savoia. La série Sillage, commencée en 1998 avec Buchet au dessin, remporte un succès immédiat. Il est également l’auteur des séries Troll, HK, Al Togo, Reality Show et Je suis morte. En 2009 il remporte un Silver Award au Prix international du manga pour l’album Zaya.
En 2013, il donne une suite à la série Nomad avec un second cycle qu’il intitule Nomad 2.0 avec, cette fois-ci, Julien Carette au dessin. L’année suivante, il scénarise : Sherlock Fox (dessin de Du Yu), SpyGames (dessin de Jung-Gi Kim) et l’album de la collection « Ils ont fait l’Histoire » consacré à Jaurès.
Née en 1981, Séverine Tréfouël a attrapé le virus de la BD toute jeune en dévorant les albums de la bibliothèque municipale. Après des études brillamment réussies mais déconnectées de sa passion, elle renoue avec l’univers de la Bande Dessinée en acceptant un poste de libraire BD chez Bédérama, la librairie spécialisée de Reims. En 2004,  elle crée son entreprise BD Cube, où elle confectionne des cadres en 3D à partir d’images de BD. Après avoir travaillé avec plusieurs grands noms de la BD dont notamment Didier Crisse, Jean-Luc Masbou, Sylvain Vallée, et de nombreux autres, Séverine met fin à cette belle aventure pour se consacrer plus entièrement au scénario.
E411 (David Evrard) est né à Cologne en Allemagne, le 6 juillet 1971. Ses premiers dessins sont édités par l’O.N.E. (Office de la Naissance et de l’Enfance, en Belgique). Ils sont suivis par d’autres pour la revue Bonjour pour lesquelles il créera la BD jeunesse Max et Bouzouki avec Falzar au scénario. Max et Bouzouki ont leur propre mensuel éponyme depuis 2004. À partir de 1995, sur des scénarii de Fauche et Adam, E411 a réalisé de nombreuses BD de communication pour, entre autres le groupe Accor (Alph-art de la communication à Angoulême en 1996), Hewlett Packard, Laroche-Posay, etc. Parallèlement, il participe activement à l’animation du journal Spirou avec « Les Couvertures que vous ne deviez pas voir ». En 2009, les éditions Vents d’Ouest éditent sa série Edwin et les Twins (2 tomes parus, scénario de Falzar). En octobre 2009, Edwin et les Twins reçoit le Grand Prix des Lecteurs du Journal de Mickey. En 2011, les éditions Sandawe éditent Maître Corbaque (scénario de Zidrou), qui a la particularité d´être la première BD mondiale financée par des internautes. Également avec Zidrou, il crée la série Schumi (Prix Escapade 2013), bientôt adaptée en dessin animé sous le nom Will sur France TV (2016). Avec Morvan et Tréfouël, il publie en 2017 le poignant Irena ayant pour toile de fond le ghetto de Varsovie qui s’achève après 5 tomes. Réside en Belgique.

Mon avis : (lu en avril 2020)
C’est le cinquième et dernier tome de cette série qui raconte l’histoire d’Irena Sendlerowa, une travailleuse sociale polonaise qui n’a pas hésité à prendre des gros risques pour sauver de nombreux enfant du ghetto de Varsovie lors de la seconde guerre mondiale.
1983, Irena a pu enfin venir en Israël pour planter un olivier dans l’allée des Justes de Yad Vashem, dix-huit ans après avoir été déclarée « Juste ».
Dans ce dernier tome, Irena revient sur l’insurrection puis la libération de Varsovie par l’Armée Rouge, puis le retour des camps des enfants hantés par les cauchemars…
En 1949, Irena a été soupçonnée de cacher des résistants polonais. Finalement, elle échappera aux purges staliniennes.
Cette femme exceptionnelle, pleine d’humilité et qui toute sa vie a regretté de ne pas avoir pu sauver plus d’enfants, est décédée en mai 2008, à l’âge de 98 ans.
A la fin de l’album, on retrouve un frise historique et quelques photos de la vie d’Irina. Cela permet au lecteur d’avoir une vue globale des 5 tomes de la série.
Ce cinquième volume est préfacé par Marek Halter qui a eu l’occasion de rencontrer cette grande dame.

Extrait : (début de la BD)

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Déjà lu du même auteur :

91sYNAhtwWL Irena – tome 1 : Le ghetto  91dLnOPDZ-L Irena – tome 2 : Les justes

51RBT9XNMpL  Irena – tome 3 : Varso-Vie

81zW7nPj1WL Irena – tome 4 : Je suis fier de toi

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(4) Prénom

A la télé…

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Ce soir et jeudi prochain, « Dérapages », par Ziad Doueiri (« Baron Noir »)
série écrite par Pierre Lemaître d’après son roman « Cadres noirs »,
Diffusion : les jeudis 23 et 30 avril, à 20h55 sur Arte
L’intégralité de la série est en ligne du 16 avril au 13 mai

avec Éric Cantona, Suzanne Clément, Alex Lutz, Gustave Kervern, Alice de Lencquesaing, Louise Coldefy, Nicolas Martinez, Xavier Robic, Cyril Couton, Carlos Chahine

Un homme anéanti par le chômage, prêt à tout pour retrouver un emploi. Procès contre le système et le management déshumanisé, « Dérapages » est un thriller social haletant

 

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C’est lundi, que lisez-vous ? [112]

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé maintenant par Camille

Qu’est-ce que j’ai mis en ligne ces dernières semaines ?

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Totem – Nicolas Wouters, Mikaël Ross
Dans les forêts de Sibérie – Virgile Dureuil, Sylvain Tesson
Girl – Edna O’Brien

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

La Femme révélée – Gaëlle Nohant (Prix Audiolib 2020)
Parce que les fleurs sont blanches – Gerbrand Bakker

Que lirai-je les semaines prochaines ?

Bed Bug – Katherine Pancol (partenariat Audiolib)
Beloved – Toni Morrison (Prix Audiolib 2020)
Irena, tome 5 : La vie, après – Jean-David Morvan, David Evrard, Séverine Tréfouël, Walter (BD)
Resurrection Bay – Emma Viskic (Masse Critique)

Bonnes lectures, bon courage pour tous, restez à la maison et protégez-vous !

Girl – Edna O’Brien

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Audiolib – mars 2020 – 5h52 – Lu par Claire Cahen

Sabine Wespieser – septembre 2019 – 250 pages

traduit de l’anglais (Irlande) par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat

Titre original : Girl, 2019

Prix Femina spécial 2019 pour l’ensemble de son œuvre

Quatrième de couverture :
Le nouveau roman d’Edna O’Brien laisse pantois. S’inspirant de l’histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l’auteure irlandaise se glisse dans la peau d’une adolescente nigériane. Depuis l’irruption d’hommes en armes dans l’enceinte de l’école, on vit avec elle, comme en apnée, le rapt, la traversée de la jungle en camion, l’arrivée dans le camp, les mauvais traitements, et son mariage forcé à un djihadiste – avec pour corollaires le désarroi, la faim, la solitude et la terreur.
Le plus difficile commence pourtant quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s’évader, avec l’enfant qu’elle a eue en captivité. Celle qui, à sa toute petite fille, fera un soir dans la forêt un aveu déchirant – « Je ne suis pas assez grande pour être ta mère » – finira bien, après des jours de marche, par retrouver les siens. Et comprendre que rien ne sera jamais plus comme avant : dans leur regard, elle est devenue une « femme du bush », coupable d’avoir souillé le sang de la communauté.

Auteure : Née dans l’Ouest de l’Irlande en 1930, Edna O’Brien vit à Londres. Publiée dans le monde entier, son oeuvre lui a valu en 2018 le prix PEN America/Nabokov. Puis en 2019, elle reçoit également le Prix Femina spécial et le David Cohen Prize for literature pour l’ensemble de son œuvre.

Lecteur : Claire Cahen est comédienne, pour le théâtre et le cinéma. Après une licence d’études théâtrales, elle intègre l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre. Elle travaille ensuite avec de nombreux metteurs en scène et joue dans des films de Hassan Ben Jelloun, Selma Bargach, Philippe Sisbane ou encore Emmanuel Bourdieu. Elle co-réalise deux courts-métrages, Frontières et Yasmina. Elle a reçu le prix Plume de Paon 2019 pour sa lecture de Sotah, chez Yodéa éditions.

Mon avis : (écouté en mars 2020)
Dans ce roman, l’auteure irlandaise s’est inspirée de la terrible histoire des lycéennes de Chibok (Nigeria) enlevées par Boko Haram en 2014.
Maryam, lycéenne nigériane, a été emmenée loin de son village, dans un camp djihadiste, elle subit de mauvais traitements, devient une esclave sexuelle puis elle est mariée à un combattant de l’organisation et va tomber enceinte.

Après plusieurs années de captivité, Maryam parvient à s’enfuir et après un long périple avec de nombreuses embûches à rentrez dans son village. Les retrouvailles ne sont pas celles qu’elle imaginait. Avec son retour, Myriam est devenue une suspecte. Ne s’est-elle pas radicalisée ? Parce qu’elle s’est évadée, ne va-t-elle pas attirer des représailles sur le village ? Et sa fille… c’est un enfant de honte.
Maryam est un personnage fictif que l’auteure a su rendre si réelle et si vraie. Avec ce livre, Edna O’Brien donne la parole à cette lycéenne qui raconte son calvaire indicible et éprouvant, sans chercher aucunement à épargner le lecteur…
La version audio est agréable à écouter, le ton posé et lent du lecteur nous aide à être attentif à tous les détails et à nous imprégner du texte.
Une lecture coup de poing, très documentée et magnifiquement écrit.

Extrait : (début du livre)
J’ÉTAIS UNE FILLE AUTREFOIS, c’est fini. Je pue. Couverte de croûtes de sang, mon pagne en lambeaux. Mes entrailles, un bourbier. Emmenée en trombe à travers cette forêt que j’ai vue, cette première nuit d’effroi, quand mes amies et moi avons été arrachées à l’école.
Le pan pan soudain des coups de feu dans notre dortoir, et les hommes au visage couvert, regard furieux, disant qu’ils sont les soldats venus nous protéger, qu’il y a une insurrection en ville. Nous avons peur, mais nous les croyons. Des filles hébétées sortent du lit, d’autres arrivent de la véranda où elles dormaient parce que c’était une nuit chaude et moite.
Sitôt entendu Allahu akbar, Allahu akbar, nous avons su. Ils avaient volé les uniformes de nos soldats pour passer la sécurité. Ils nous ont bombardées de questions – Où est l’école des garçons, Où garde-t-on le ciment, Où sont les dépôts. Quand on a dit qu’on ne savait pas, ils sont devenus fous. Puis d’autres ont débarqué, ils n’arrivaient à trouver ni pièces détachées ni essence dans les appentis et le ton est monté.
Pas question pour eux de retourner les mains vides, sans quoi leur commandant serait furieux. Puis, au milieu des cris, l’un d’eux a dit dans un large sourire, « les filles, ça le fera », et nous avons entendu l’ordre d’aller chercher d’autres camions. Une fille a sorti son portable pour appeler sa mère, mais on le lui a aussitôt saisi. Elle s’est mise à pleurer, d’autres se sont mises à pleurer, suppliant qu’on les laisse rentrer à la maison. L’une s’est agenouillée : « Monsieur, monsieur », ce qui l’a mis en rage, et il a commencé à nous injurier et à nous narguer, nous traitant de tous les noms, de putes et de traînées, qu’on devrait être mariées et qu’on le serait bientôt.
On nous a séparées par groupes de vingt, et il a fallu attendre, bredouillantes, accrochées les unes aux autres, puis l’ordre a été donné d’évacuer le dortoir, sur-le-champ, de tout laisser derrière.
Le chauffeur du premier camion à franchir le portail de l’école avait une arme braquée sur la tête, et il a traversé la petite ville comme un dingue. Il n’y aurait personne pour dire avoir vu passer un camion, à cette heure indue, avec tout plein de filles.
On s’est bientôt retrouvées dans un village à la frontière, débouchant sur une jungle épaisse. Ils ont dit au chauffeur de descendre et, quelques minutes après qu’ils l’ont emmené, on a entendu des tirs nourris.

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Irlande

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(5) Son
chanson des Beatles présente sur l’album Rubber Soul sorti le

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Dans les forêts de Sibérie – Virgile Dureuil, Sylvain Tesson

71tdjNrJ0kL Casterman – novembre 2019 – 96 pages

Quatrième de couverture :
Pendant quelques mois entre la fin de l’hiver et le début de l’été, Sylvain Tesson s’installe dans une cabane isolée au bord du Lac Baïkal. L’écrivain entreprend alors la plus riche des aventures : un voyage intérieur au bout du monde, dans les forêts de Sibérie.
Pour prolonger en images l’un de ses récits les plus personnels, Sylvain Tesson a choisi le dessinateur Virgile Dureuil, qui signe ici son premier livre.

Auteurs : Jeune auteur venu de la publicité, passionné par l’univers poétique de Sylvain Tesson, Virgile Dureuil a signé ici son premier livre de bande dessinée avec l’adaptation du récit Dans les forêts de Sibérie.
Né en 1972, Sylvain Tesson est membre de la Société des explorateurs français. Son recueil, Une vie à coucher dehors, a été récompensé du Goncourt de la nouvelle 2009. Il a également reçu pour son essai, Dans les forêts de Sibérie, le prix Médicis 2011.

Mon avis : (lu en mars 2020)
Cette bande dessinée est une adaptation du journal d’ermitage de Sylvain Tesson publié en 2011.
De février à juillet 2010, l’écrivain a choisi de vivre la fin de l’hiver et le printemps sibérien au bord du Lac Baïkal, seul dans une cabane. En silence, environné de livres, de vodka, de ses souvenirs et ses pensées Sylvain est un confiné volontaire… Il vit en accord avec la nature, au gré des saisons, il a la possibilité de s’éloigner de sa cabane et lorsque le temps le permet, il part explorer son environnement, il pêche, il chasse, il fait du patin à glace sur le lac et exceptionnellement il va même rendre visite à ses lointains voisins…
Avec cette adaptation BD très réussie, on retrouve les mots de Sylvain Tesson et le dessin de Virgile Dureuil illustre parfaitement les splendides paysages, ciels magnifiques de ce coin de Sibérie…
Je vous conseille également l’adaptation cinématographique réalisé en 2016 par Safy Nebbou, avec Raphaël Personnaz et avec la B.O d’Ibrahim Maalouf, un dépaysement garanti !

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Extrait : (début de la BD)

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Déjà lu de Sylvain Tesson :

92853010 Dans les forêts de Sibérie 107399654 Berezina

Luis Sepúlveda (1949 – 2020)

LuisSepulveda Festival America (2012)

Luis Sepúlveda est né en 1949 au Chili. Emprisonné sous le régime de Pinochet puis exilé, il parcourt l’Amérique latine et fonde de nombreuses troupes théâtrales. Très soucieux d’écologie, il participe à une recherche de l’UNESCO au sujet de l’impact de la colonisation sur les populations amazoniennes et passe un an chez les Indiens Shuars. Depuis 1996, il vivait en Espagne, il est décédé le 16 avril 2020.
Ses œuvres sont aujourd’hui des bestsellers mondiaux, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, Journal d’un tueur sentimental et Rendez-vous d’amour dans un pays en guerre.
Il a publié en 2013, Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis et Ingrédients pour une vie de passions formidables.

Mes lectures :

le_monde_du_bout_du_monde_p Le Monde du bout du monde

97555469 Le vieux qui lisait des romans d’amour

9782356417145-T Le vieux qui lisait des romans d’amour (version audio)

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Festival America (2012)