Police – Hugo Boris

Lu en partenariat avec Audiolib

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Audiolib – août 2019 – 3h30 – Lu par Axelle Lafont

Grasset – août 2016 – 198 pages

Pocket – septembre 2017 – 176 pages

Quatrième de couverture :
Ils sont gardiens de la paix. Des flics en tenue, ceux que l’on croise tous les jours et dont on ne parle jamais, hommes et femmes invisibles sous l’uniforme.
Un soir d’été caniculaire, Virginie, Érik et Aristide font équipe pour une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Mais Virginie, en pleine tempête personnelle, comprend que ce retour au pays est synonyme de mort. Au côté de leur passager tétanisé, toutes les certitudes explosent. Jusqu’à la confrontation finale, sur les pistes de Roissy-Charles-de-Gaulle, où ces quatre vies s’apprêtent à basculer.
En quelques heures d’un huis clos tendu à l’extrême se déploie le suspense des plus grandes tragédies. Comment être soi, chaque jour, à chaque instant, dans le monde tel qu’il va ?

Auteur : Hugo Boris est l’auteur de quatre romans très remarqués, Le Baiser dans la nuque (2005), La Délégation norvégienne (2007), Je n’ai pas dansé depuis longtemps (2010) et Trois grands fauves (2013). Ce dernier a reçu un excellent accueil médiatique (prix Thyde Monnier 2013, prix Millepages 2013, finaliste du prix du roman Fnac).

Lecteur : Actrice, autrice et réalisatrice, Axelle Laffont a commencé à se faire connaitre sur la chaîne Comédie dans La Grosse Émission suivie de Nulle Part ailleurs sur Canal +. Elle tourne en parallèle dans des comédies 3 Zéros, Je déteste les enfants des autres ou encore Paulette. Plus tard, elle écrit et joue ses deux one-woman-show La folie du spectacle et Hypersensible. Elle a également réalisé une mini-série, Addict, pour Canal + et un long métrage Milf, sorti en 2018.

Mon avis : (écouté en octobre 2019)
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce livre n’est pas un roman policier, mais un roman sur des policiers… Le lecteur va accompagner durant une soirée d’été une brigade de trois policiers, Virginie, Aristide et Erik qui ont une mission inhabituelle, celle de prendre en charge un réfugié Tadjike en situation irrégulière et de le convoyer jusqu’à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle.
Le lecteur assiste à un huis clos dans cette voiture de police, Virginie va ouvrir le dossier du réfugié et apprendre que l’expulsion de ce dernier vers son pays le condamne à mort. Que faire ? Obéir et faire docilement le travail ? Laisser une chance de s’échapper au  réfugié ? Le Tadjike est mutique, résigné…
J’ai écouté ce roman coup de poing d’une traite, en une après-midi. La rudesse du quotidien et la complexité du rôle de la police sont mises en évidence à travers les états d’âme de Virginie et de ses deux collègues. Les descriptions sont très réalistes, la tension augmente inexorablement et malgré la noirceur de la situation, les personnages sont emprunts d’une rare humanité.

Merci Pauline et les éditions Audiolib pour cette lecture coup de poing.

Extrait : (début du livre)
Le sang sur son treillis n’est pas le sien. Elle est intervenue sur une bagarre plus tôt dans la journée, se sera salie à cette occasion. Elle est seule dans le vestiaire, debout à côté du lavabo, jambes nues sur le carrelage, à fouiller parmi les pantalons de son casier. Elle en passe un premier qui lui arrive à mi-ventre. Elle sait que le poids du ceinturon, de l’arme, du chargeur, des menottes et de la matraque fera redescendre le treillis au niveau des hanches. L’entrejambe traînera à mi-cuisse, si bas qu’elle aura l’air de porter un baggy, alors elle le laisse glisser à ses pieds, en pioche un autre dans la pile. La fourche du deuxième est plus haute, mais les jambes sont trop longues, pochent aux genoux. Elle en attrape un troisième qui la serre à la taille. Assise, elle aura du mal à respirer, alors elle essaye maintenant un modèle d’homme, coupe hiver, bien qu’elle soit une femme en été, et voilà qu’elle ressent un sentiment proche de la peur, une accélération du sang, un frémissement qui dirait la présence d’un danger alors qu’elle est seule devant une rangée d’armoires métalliques. Elle pourrait essayer en vain tous les pantalons de la police nationale, en commander dans toutes les tailles, tous les tissus, tester tous les patrons, français ou italiens, y épuiser ses huit cents points de capital annuel, aucun ne lui ira jamais.
Par terre, son gilet pare-balles tient tout seul, donne l’illusion qu’elle a arraché sa cage thoracique pour la poser là un instant. Elle s’est voûtée sous son poids au cours de la journée. Elle redresse la tête, son visage est le même dans le miroir du lavabo. Il ne trahit pas sa pensée, celle d’être une femme qui avorte demain. La permanence de ses traits ne cesse de l’étonner. Elle n’arrive pas à réconcilier ce qu’elle vit depuis plusieurs semaines et l’image inchangée dans le miroir, cette bouche, ce nez, ces yeux familiers. Au lieu d’une figure affaissée, de tissus qui feraient ventre, il y a toujours ce petit visage aigu et ces yeux gris, ce léger strabisme accentué seulement par la fatigue, qui lui vaut de n’être pas jolie mais piquante, cet air indocile qui fait son charme à la fin.
Une collègue entrebâille la porte, passe la tête.
— Virginie, les autres sont d’accord.
Ce soir, son équipage a accepté une mission hors circonscription qui va déborder l’horaire de fin de service. C’est elle qui a dit oui la première, sans savoir de quoi il s’agissait exactement. Elle a embauché en début d’après-midi. Elle ferait une double vacation sans dételer si on le lui permettait.
— Vous avez rendez-vous au Centre de rétention administrative de Vincennes, avenue de Joinville, pour assistance dans le cadre d’une mission d’escorte.

Déjà lu du même auteur :

je_n_ai_pas_dans__depuis_longtemps Je n’ai pas dansé depuis longtemps

 

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2 réflexions sur “Police – Hugo Boris

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