Miguetsh ! – Michel Noël

51Rzf6IjMiL Dominique et compagnie – janvier 2017 – 176 pages

Quatrième de couverture :
« Moi, Pien, je suis un Métis dont l’histoire est vieille comme ce continent. J’ai trouvé, grâce à Wawaté, à Kokum, aux Arbres, et à bien d’autres à qui je suis redevable, ma place dans l’univers, dans le monde contemporain. Je porte en moi la mémoire de mes ancêtres, comme s’ils m’avaient choisi pour les prolonger dans le monde d’aujourd’hui et de demain. »

Auteur : Métis d’origine algonquine, Michel Noël a vécu jusqu’à l’âge de 14 ans dans la forêt canadienne, en milieu amérindien. Il a connu la vie sous la tente, les lignes de trappe, les soirées au tambour, les danses et les chants traditionnels. Sa création littéraire est riche de plus de 90 œuvres, toutes tournées vers le partage de l’héritage culturel qui l’habite. Dans ce roman qui a reçu le prix White Ravens 2015, Michel Noël invite le lecteur à plonger dans une aventure envoûtante, au cœur de sa jeunesse.

Mon avis : (lu en juillet 2019)
Dans ce livre destiné aux adolescents, l’auteur s’inspire de sa propre jeunesse de métis d’origine algonquine pour nous livrer un très beau roman d’apprentissage.
Pien (Pierre) est élevé à l’amérindienne par son père et ses grands-parents paternels.

Son père est le gérant du poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson, il fait le lien entre leur communauté autochtone et les hommes blancs qui font du commerce avec eux.
Son grand-père, Wawaté, lui apprend tout, les légendes, les chansons, les prières, l’art de la chasse et sa vision du monde dans le respect de la nature.
Un jour, le territoire de chasse est envahi par des compagnies forestières, Pien prend alors la décision d’aller à l’école, loin de chez lui, dans le Sud, pour ne pas rester dans l’ignorance et se donner les moyens de mieux défendre son peuple.
Le texte est plein de poésie, c’est une ode à la nature, à la faune sauvage, à la beauté de la forêt, des saisons, du ciel…
Miguetsh ! signifie « Merci ! », un merci destiné à son grand-père, à ses ancêtres, à son peuple, à ta terre. Un témoignage fort et instructif.

Extrait : (début du livre)
Mon grand-père s’appelait Wawaté, un nom algonquin qui signifie «Aurores Boréales ». Il s’appelait ainsi car c’était un homme d’intelligence et de lumière. Cela éclatait dans ses petits yeux d’ours, ronds et foncés comme des bleuets dans la rosée du matin. Cela chantait dans sa voix grave comme le mugissement du vent dans la cime des grands arbres. Cela se voyait dans ses gestes qui, lorsqu’il nous parlait le soir autour du feu, montaient vers le ciel comme autant d’ombres mystérieuses parmi les étincelles étoilées.
Ma grand-mère s’appelait Kokum, ce qui se traduit par «Lune ». Elle s’appelait Lune car elle était généreuse et féconde.
Et moi, qui vous parle aujourd’hui, je suis Pien, ou Pierre. Je suis le petit-fils et l’héritier de la Lune et des Aurores Boréales.
Si vous regardez le ciel, l’hiver, un soir de lune, vous entendrez les aurores boréales vous chanter à l’oreille en harmonie avec les battements de votre cœur: «Wawaté, Wawaté, Wawaté. » Les aurores boréales danseront pour vous, dans le firmament embrasé, la folle farandole du Nord.
Wawaté connaissait comme le fond de son sac non seulement l’immense forêt boréale, mais aussi les surprenantes toundra et taïga, de même que leurs valeureux habitants
nomades, comme lui, jusque dans l’âme.
Ce vieil homme, qui avait toujours bon pied, bon œil, avait foulé de ses mocassins en peau d’orignal tous les sentiers et tous les portages. De son canot d’écorce, il avait
manœuvré l’aviron sur tous les lacs et toutes les rivières, battu les neiges les plus épaisses, chaussé de ses larges raquettes en babiche d’orignal.
Wawaté, en grand Anishnabé (1) qu’il était, marchait sa vie en toute liberté. Non seulement la marchait-il, mais il la chantait, la dansait, la priait et la contait au rythme de son tambour qu’il accordait aux battements de son cœur et de l’univers. Il était entier. Un tout. Un tout-puissant.
C’était un guérisseur car il avait appris dans la forêt, son immense territoire intérieur, à regarder comme pas un avec ses yeux, à sentir avec ses narines, à toucher avec ses mains, à écouter avec ses oreilles, et à aimer avec tout son être.

(1) Anishnabé : premier homme, humain originel

Québec_en_novembre_n

Déjà lu du même auteur :

51GnIhY74vL Le pensionnat

 

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