Albin Michel – février 2019 – 640 pages
traduit du danois par Caroline Berg
Titre original : Kastanjemanden, 2018
Quatrième de couverture :
Début octobre, dans la banlieue de Copenhague, la police découvre le cadavre d’une femme amputée d’une main. À côté du corps, un petit bonhomme fabriqué à partir de marrons et d’allumettes. Chargés de l’enquête, la jeune inspectrice Naia Thulin et l’inspecteur Mark Hess découvrent vite que cette figurine est porteuse de mystérieuses empreintes : celles de la fille de Rosa Hartung, ministre des Affaires Sociales, enlevée un an plus tôt et présumée morte.
Thulin et Hess explorent toutes les pistes qui leur révéleraient un lien entre la disparition de la fille de la ministre et la victime à la main coupée. Lorsqu’une autre femme est tuée, selon le même mode opératoire, ils comprennent que le cauchemar ne fait que commencer…
Auteur : Né en 1968, Søren Sveistrup est le créateur, scénariste et producteur de plusieurs séries, dont la série culte The Killing qui a notamment reçu le BAFTA 2011 de la meilleure série internationale et qui a réuni près de 600 000 téléspectateurs français lors de sa diffusion.Il a plus récemment écrit des scripts pour des longs métrages, par exemple pour l’adaptation de Le Bonhomme de neige de Jo Nesbø.
Mon avis : (lu en juin 2019)
« Octobre » est le premier roman de Søren Sveistrup, le créateur de la série « The Killing » que j’avais beaucoup aimé.
Un corps amputé d’une main est découvert avec à côté la présence d’un petit bonhomme en marrons et allumettes. La police scientifique découvre sur le bonhomme en marron les empreintes digitales de Kristin Hartung, la fille de Rosa Hartung, ministre des Affaires Sociales, enlevée un an plus tôt et présumée morte. Linus Bekker a été arrêté et a avoué le meurtre, mais le corps de la fillette n’a jamais été retrouvé. L’enquête a pourtant été close.
La nouvelle enquête est donnée à Naia Thulin et Mark Hess, un duo qui se trouvent associés malgré eux. Naia Thulin est une jeune inspectrice ambitieuse, qui rêve d’intégrer le NC3, service d’élite spécialisé dans la cybercriminalité. Mark Hess travaille pour Europol à La Haye, il se trouve sous le coup d’une suspension, il est donc « puni » dans ce commissariat de la banlieue de Copenhague. Ils sont sous l’autorité de Nylander, qui a « résolu » l’affaire Kristin Hartung et qui n’a aucune envie que cette précédente enquête soit ré-ouverte…
Une intrigue construite avec beaucoup d’intelligence et de précision, ancrée dans l’actualité politique et sociale du Danemark.
Une enquête captivante avec de nombreux rebondissements, plusieurs autres meurtres, peut-être un peu trop sanguinolent à mon goût mais le duo d’inspecteurs est attachant et j’espère les retrouver dans de nouvelles enquêtes…
Extrait : (début du livre)
Les feuilles mortes tombent doucement dans la lumière du soleil, sur la route humide qui coule au milieu de la forêt comme un fleuve à la surface noire et lisse. Elles s’élèvent en un bref tourbillon au passage de l’éclair blanc de la voiture de police, puis se posent sur les tas agglutinés de part et d’autre de la route.
Marius Larsen lève le pied dans le virage, notant au passage qu’il va devoir rappeler au service de la voirie d’envoyer la balayeuse jusqu’ici. Quand les feuilles restent trop longtemps sur la chaussée, elles réduisent l’adhérence des véhicules et cela peut coûter des vies. Marius le leur a dit et répété. Il est dans la police depuis quarante et un ans, à la tête du commissariat depuis dix-sept, et tous les ans, quand l’automne arrive, il est obligé de le leur redire. Mais ce ne sera pas pour aujourd’hui, parce que aujourd’hui, il doit se concentrer sur la conversation.
Marius Larsen tripote, agacé, les boutons du poste de radio sans parvenir à trouver la station qu’il cherche. Il tombe uniquement sur des émissions d’information, dans lesquelles on ne parle que de Gorbatchev, de Reagan et de la potentielle chute du mur de Berlin. Il paraît que c’est imminent et que l’événement marquera peut-être le commencement d’une nouvelle ère.
Il y a longtemps qu’il aurait dû lu parler, mais il ne pouvait pas s’y résoudre. Sa femme pense qu’il va prendre sa retraite dans une semaine. Il est temps qu’il lui dise la vérité. À savoir qu’il ne peut pas se passer de son travail. Il a réglé toutes les questions administratives, mais reporté la date. Il n’est pas encore prêt à prendre racine sur le canapé d’angle devant La Roue de la fortune, à ratisser le jardin avec elle et à jouer à la bataille avec leurs petits-enfants.
Marius n’est pas inquiet à l’idée de lui avouer sa décision, mais il sait qu’elle aura de la peine. Elle se sentira trahie et se lèvera de table pour aller récurer les fourneaux dans la cuisine, puis elle lui tournera le dos pour lui dire qu’elle comprend. Alors que ce n’est pas vrai. C’est pour différer un peu cette conversation avec sa femme que, lorsqu’il a entendu l’appel sur le canal de la police, il y a dix minutes, il a dit qu’il s’en chargerait. En temps normal, il aurait fait à contrecœur ce long trajet dans les bois jusqu’à la ferme d’Ørum pour lui demander de tenir ses bêtes. Ce n’est pas la première fois que ses vaches et ses porcs défoncent les clôtures et s’égaillent dans les champs du voisin jusqu’à ce que Marius ou l’un de ses collègues vienne lui remonter les bretelles. Mais cette fois, il était plutôt content de la diversion. Il a bien sûr commencé par demander au poste de garde qu’on prévienne Ørum chez lui ainsi que sur son deuxième lieu de travail, au débarcadère du ferry-boat, mais comme le fermier ne répondait ni à un endroit ni à l’autre, il a pris la route.