Fleuve éditions – février 2019 – 320 pages
traduit du finnois par Alexandre André
Titre original : Mies joka kuoli, 2016
Quatrième de couverture :
À 37 ans, Jaakko a tout pour être heureux.
Jusqu’au jour où, lors d’une simple visite médicale, il apprend qu’il va bientôt mourir. La raison de ce triste verdict : quelqu’un l’empoisonne depuis longtemps à son insu.
Alors que cette annonce aurait suffi pour faire de cette journée la pire de sa vie, Jaakko n’est pas au bout de ses surprises.
En rentrant chez lui, il découvre sa femme sur la chaise longue du jardin en plein ébat avec le livreur de leur entreprise. Trop, c’est trop !
Jaakko décide d’utiliser les derniers jours qui lui restent pour enquêter lui-même sur son empoisonnement. Et nombreux sont ceux à avoir un mobile pour tuer celui qui est l’heureux propriétaire d’une société hautement rentable et spécialisée dans la culture d’un champignon : le matsutake. Une espèce particulière qui pousse en Finlande et dont les Japonais raffolent au point de l’acheter à des prix déraisonnables !
Le chemin de la vérité sera parsemé de morts, qui n’empêcheront pas Jaakko de garder en tête le plus important : c’est surtout dans les derniers mètres jusqu’au cimetière qu’il faut profiter de chaque instant.
Auteur : Antti Tuomainen, né en 1971, est l’un des auteurs les plus lus en Finlande. Ses romans ont été traduits dans plus de 25 langues. Couronné « Le Roi d’Helsinki Noir », il a gagné le cœur des lecteurs et des critiques avec ce dernier roman, au style perçant et évocateur.
Mon avis : (lu en juin 2019)
Digne compatriote d’Arto Paasilinna, Antti Tuomainen nous entraîne dans une intrigue originale, palpitante et déjantée…
Jaakko, le narrateur de cette histoire, le propriétaire d’une société spécialisée dans la culture d’un champignon : le matsutake. Une espèce qui pousse en Finlande et dont les Japonais sont très friands et qui l’achètent à des prix déraisonnables !
Jakko vient d’apprendre qu’il va bientôt mourir, car il est empoisonné à son insu depuis quelques temps. Jakko est sonné par cette mauvaise nouvelle et doit l’annoncer au plus vite à sa femme. Mais lorsqu’il arrive chez lui, il surprend sa femme dans les bras de son employé. Qui donc a intérêt à le voir mourir ? Jakko est bien décidé à découvrir qui cherche à l’assassiner et il va profiter de ces derniers jours pour mener l’enquête… En polar et humour noir, le lecteur n’est pas au bout de ses surprises et même si certaines situations sont parfois un peu exagérées et pas toujours crédibles, j’ai passé un très bon moment de lecture !
Extrait : (début du livre)
— Vous avez bien fait de nous fournir un échantillon d’urine.
Le visage allongé du médecin assis derrière le bureau respire le sérieux et la gravité. La monture sombre de ses lunettes souligne le bleu de ses yeux et sa manière de fixer son interlocuteur.
— Cela…, commence-t-il, cela requiert quelques explications. J’ai été en contact avec mes collègues de Kotka et de Helsinki. Ce qu’ils disent correspond sur toute la ligne à ce que nous pouvons déjà en conclure. Nous n’aurions rien pu faire, même si nous l’avions décelé lors de votre visite précédente. Comment vous sentez-vous ?
Je hausse les épaules. Je répète les mêmes informations que la fois précédente, en y ajoutant les derniers symptômes. Tout a commencé subitement avec de fortes nausées qui m’ont littéralement fauché. Mon état s’est ensuite amélioré, mais pour un instant seulement. Par moments, je me sens si faible que je crains de m’évanouir. Je suis pris de quintes de toux. La nuit, le stress me tient éveillé. Quand je m’endors enfin, je fais des cauchemars. J’ai souvent mal à la tête, comme si je me prenais des coups de couteau derrière les yeux. J’ai la gorge sèche en permanence. Les vomissements ont repris et surgissent sans crier gare.
Et ce, au moment précis où notre entreprise se prépare à la période la plus cruciale de l’année, au plus grand défi et à l’effort le plus important de son existence.
— En effet, dit le praticien en hochant la tête. En effet.
Je ne relève pas. Il marque une pause avant de poursuivre.
— Il ne s’agit pas des symptômes d’une méchante grippe qui se serait éternisée, comme nous l’avions supposé au début. Sans l’échantillon urinaire, nous n’aurions rien pu élucider. Il nous a beaucoup appris et nous a poussés à faire une IRM. Le résultat nous a permis d’avoir une vision d’ensemble. Il se trouve que vos reins, votre foie et votre pancréas, autrement dit, vos organes vitaux, sont gravement endommagés. D’après ce que vous me dites, j’en conclus aussi que votre système nerveux central est déjà atteint. Il se peut que vous souffriez de lésions cérébrales. Tout cela est la conséquence directe de l’empoisonnement que nous avons décelé grâce à l’analyse d’urine. La toxicité, à savoir, la quantité de poison, est telle qu’elle rendrait malade même un hippopotame.