Audiolib – février 2019 – 6h32 – Lu par l’auteure
Stock – août 2018 – 256 pages
Quatrième de couverture :
« Les mots des autres m’ont nourrie, portée, infusé leur énergie et leurs émotions.
Jusqu’à la mort de mon frère, le 14 octobre 2015 à Montréal, je ne voyais pas la
nécessité d’écrire. Le suicide d’Alex m’a transpercée de chagrin, m’a mise aussi
dans une colère folle. Parce qu’un suicide, c’est la double peine, la violence de la
disparition génère un silence gêné qui prend toute la place, empêchant même de
se souvenir des jours heureux.
Moi, je ne voulais pas me taire.
Alex était un être flamboyant, il a eu une existence belle, pleine, passionnante,
aimante et aimée. Il s’est battu contre la mélancolie, elle a gagné. Raconter son
courage, dire le bonheur que j’ai eu de l’avoir comme frère, m’a semblé vital. Je ne
voulais ni faire mon deuil ni céder à la désolation.
Je désirais inventer une manière joyeuse d’être triste.
Les morts peuvent nous rendre plus libres, plus vivants. » O. L.
Auteur : Olivia de Lamberterie est journaliste à Elle, chroniqueuse littéraire à « Télématin » sur France 2, au « Masque et la plume » sur France Inter et correspondante pour Radio Canada. Amoureuse des lettres et lectrice incomparable, elle signe ici son premier texte. Son deuil lui avait retiré le goût de lire pendant quelques mois. Elle nous le donne ici avec la générosité qui la caractérise.
Mon avis : (écouté en mars 2019)
Olivia de Lamberterie est une journaliste, chroniqueuse littéraire connue. A ce titre, elle s’était toujours interdite d’écrire un roman. Et voilà, qu’en octobre 2015, son frère Alex se suicide à Montréal. Alex et Olivia sont des frère et sœur très proches, très complices. Alex avait plusieurs fois encouragé Olivia à écrire un livre. Ce drame donne une vraie raison à Olivia pour écrire, pour raconter ce frère brillant, aimé par une épouse et ses enfants, avec une belle situation professionnelle et qui pourtant était depuis longtemps en proie à la mélancolie.
Le titre de ce livre « Avec toutes mes sympathies » est la formule de condoléances dite par les Québécois, une expression qui vient de l’anglais sympathies.
Le livre alterne entre les souvenirs heureux, les angoisses d’Alex, les interrogations sur sa maladie, l’après avec comment « apprendre à vivre avec les morts sans les trahir », à chercher des signes de l’au-delà…
Extrait : (début du livre)
Paris, automne 2015
J’ai perdu mon frère. Cette expression me semble la plus juste pour parler de toi aujourd’hui. Où vont les morts ? Un matin recouvert d’une fine pellicule de tristesse, j’allume mon ordinateur, à ELLE où je suis journaliste, afin de lire mes mails et ces mots apparaissent en gros caractères sur mon écran : « Découvrez le nouveau poste d’Alexandre de Lamberterie. » Cette phrase surgie de je ne sais où, d’un ailleurs plus doux j’espère, me saisit. Tu es mort depuis plus d’un mois. J’ouvre le message envoyé par le réseau professionnel LinkedIn, où je me suis inscrite une après-midi de résolution – depuis, je ne suis jamais retournée sur le site, l’histoire de ma vie, en être ou ne pas en être. Je clique et tombe sur une photo de toi, barbe, cravate, chemise noir et blanc Club Monaco que ta femme, Florence, m’a offerte après ta disparition, douce armure rayée dans laquelle je me réfugie les jours mauvais. Tu es beau, grave, ton regard est déjà intranquille, on dirait une maison vide. « Art Director, Visual Presentation, Assassin’s Creed. Région de Montréal, Canada. » Vertige sur ma chaise de bureau. « Envoyez un message », peut-on lire dans un petit cadre bleu. Je jette ces mots : « Où es-tu ? »
Tu es mort le 14 octobre 2015.
Je voudrais tellement savoir où tu es. Juste pour être sûre que tout va bien. Alors, avec ton bonnet bleu marine en cachemire sur la tête, pour me donner l’illusion que nos cerveaux se touchent, j’écris afin de retrouver ta trace dans un ciel de traîne. Nous nous sommes quittés, moi en perfecto et toi dans une boîte partant au feu. Le bruit de ferraille m’écorche encore les oreilles. Où es-tu, mon frère terrible ? Pas loin mais pas là. Pas là mais pas loin. J’aimerais t’imaginer directeur artistique du paradis, buvant des coups avec un bon Dieu joufflu, chauve et barbu, sorti d’un paradis du commerce comme sur les dessins de Jean Effel dont nous regardions les albums chez grand-père Serge, lorsque nous étions enfants. Tu leur créerais un logo magnifique « EDEN, Bienvenue chez vous », un peu comme celui que j’ai repéré dans ton dernier carnet. Tu avais dessiné des tee-shirts marqués d’un TAG, Trouble Anxieux Généralisé. L’acronyme, découvert à ton sujet alors que tu étais en hôpital de jour, avait dû te plaire. J’aimerais t’imaginer taguant l’horizon, transformant les nuages en têtes de mort, mais je n’y arrive pas. Pas assez catho ou pas assez dingo. Où voles-tu mon frère never more ?
Je pars à ta recherche.
J’ai lu la version papier que j’ai trouvé plutot assez gaie et avec une belle écriture … comme tu dos lu par l’auteure doit donné une dimension supplémentaire.
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j’ai été très touchée aussi! un coup de coeur inattendu!
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