Lu en partenariat avec Flammarion Jeunesse
Flammarion Jeunesse – janvier 2019 – 203 pages
Quatrième de couverture :
Souvent, Suzine se chut. Les cheveux plaqués sur les oreilles, elle se coupe du monde pour ne pas affronter les autres et pour cacher sa différence. Un jour, ses meilleures amies se disputent et lui demandent de choisir un camp. Suzine se chut, ses amies l’abandonnent. Elle va alors devoir faire preuve de courage pour retrouver confiance en elle.
Pendant ce temps, le concours de Miss France du club de foot se prépare…
Auteur : Après des études de lettres, Claire Castillon fait son entrée en littérature en 2000. Elle a publié son premier roman, Le Grenier, à vingt-cinq ans. Très vite, un lectorat fidèle et une reconnaissance critique ont entouré son travail. Elle a publié sept autres romans et trois recueils de nouvelles, dont Insecte qui a marqué le début d’une carrière internationale. Son œuvre est à présent traduite en de nombreuses langues.
Mon avis : (lu en janvier 2019)
Voilà un roman jeunesse intelligent sur la différence.
Suzine se chut fréquemment, elle a inventé ce mot pour dire qu’elle se tait ou qu’elle répond à son interlocuteur ce qu’il veut entendre et pas ce qu’elle pense vraiment.
Suzine est une adolescente qui vit en alternance chez sa mère et chez son père et Camélia, sa jeune compagne. Elle est en 3ème et lorsque l’histoire commence, ses deux amies Violetta et Romane lui en veulent de ne pas avoir pris partie pour l’une ou l’autre au sujet de Tom, un garçon qui a brouillé les deux amies.
Suzine a eu « petit problème » et cela ne l’aide pas à avoir confiance en elle.
Elle part donc en vacances avec son père et Camélia en espérant qu’à la rentrée l’état d’esprit de Violetta et Romane aura changé… Mais aux sports d’hiver, elle retrouve le fameux Tom…
J’ai beaucoup aimé les caractères bien décrits des différents personnages, parfois à la limite de la caricature. Il y a beaucoup d’humour dans le ton de ce livre et en même temps l’auteure aborde des sujets profonds comme la différence, le harcèlement scolaire…
Un seul regret, le parti pris de l’auteure de ne pas expliciter le « petit problème » de Suzine avant le tiers du livre. Pour ma part, je n’ai pas eu la patience d’attendre et après 30 pages de lecture, je n’ai pas résisté à aller lire le dernier chapitre pour m’aider à comprendre… Même si la demoiselle fait tout pour cacher son « petit problème », j’ai trouvé difficile de rester si longtemps dans l’ignorance.
L’histoire complète du « petit problème » est racontée dans les derniers chapitres…
Merci Brigitte et Flammarion Jeunesse pour cette belle découverte.
Extrait : (début du livre)
Je me chut : c’est la règle. Ne jamais dire ce que je pense est un principe que j’ai adopté à l’âge de cinq ans quand Camélia, ma belle-mère, m’a demandé si je préférais ses blagues au regard de galgos de ma mère, son mètre dix-huit de jambes au ventre de sharpei de ma mère, ses jurons de boxeur à la poésie vieux rose de ma mère. Et pour conclure, du moins pour ce jour fondateur de notre relation à venir : ses tenues de zumba à la raquette de tennis en bois de ma mère. Raquette vintage, objecterait Camélia, mais elle ferait fausse route. La raquette de ma mère est juste une vieille raquette en bois comme on n’en fait plus, portée par une mère ringarde comme on en fait peu (mais que j’aime plus que tout). Nous nous rencontrions pour la première fois, Camélia et moi, et j’ai senti, malgré le sourire ravi de mon père qui se félicitait que le courant circule entre nous, qu’il y avait un petit piège dans ses questions. Pas méchant mais posé là, sous ma langue. J’ai poussé un tel oui en réponse à sa demande de réassurance que depuis neuf ans, Camélia, gonflée d’orgueil par mon élan pour elle, se vante auprès de ses amies d’être, loin devant sa mère, la chouchoute de Suz’, sa belle-fille. Bien entendu, ma mère n’est pas au courant de ma trahison. D’ailleurs, elle continue de m’aimer tellement qu’à chaque retour de chez mon père, ma mère me fait l’offrande de quelques vers qu’elle a pondus en mon absence : « Ma Suzine, petite usine, toi le bateau qui vogue droit, tu resteras toujours à moi » ou « Suzine, si fine, sois heureuse même à Villetaneuse ».
Ça a vraiment l’air d’une très jolie lecture que j’aurais pu aimer enfant/ado et qui me tente encore aujourd’hui. Merci pour la découverte !
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