Ravet-Anceau – août 2016 – 198 pages
Quatrième de couverture :
Moi, c’est Camille. Je ne peux pas dire que je nage dans le bonheur. Mon père n’y comprend rien aux trucs de filles, mon petit frère Babar me colle constamment et je n’ai toujours pas de chéri. Mais surtout, surtout, je n’ai plus de maman. Elle est morte brutalement et nous a tous laissés complètement déboussolés. Heureusement, je peux compter sur Benjamin pour me remonter le moral avec ses blagues presque drôles. Benjamin, c’est mon meilleur ami. Ce serait aussi mon amoureux idéal s’il ne préférait pas les garçons. J’ai un grand rêve : quitter Roubaix pour découvrir New York, ses buildings et son effervescence permanente. Mais avant de le réaliser, je dois régler mes problèmes. Ça, ce n’est pas une mince affaire !
Auteur : Carine Bausière est née à Roubaix et y a suivi toute sa scolarité avant de poursuivre des études d’histoire à Lille 3. Passionnée de sport et plus particulièrement de football, elle a signé ses premières piges dans La Voix du Nord en 1994, avant d’en rejoindre la rédaction en tant que journaliste quelques années plus tard. Un rêve devenu réalité, tout comme désormais celui de publier son premier roman.
Mon avis : (lu en décembre 2018)
Ce livre correspond à moitié à ce que j’attendais du Masse Critique Jeunesse et Jeune Adulte… D’abord, il a mis plus de temps à arriver que prévu et ensuite j’attendais un livre audio et j’ai reçu un livre papier…
Camille, 13 ans, vient de perdre brutalement sa maman. Depuis à la maison, tout va à vau-l’eau, Babar, son petit frère de six ans est inconsolable, son père ne va pas mieux et ne sait pas gérer les trucs de filles et Camille est déboussolée entre sa rage et sa tristesse… Heureusement, elle peut compter sur Benjamin son meilleur ami et sur Zénobie et Adrien, leurs voisins.
Après le choc de la perte et de l’absence d’une mère et d’une épouse, la famille est effondrée, mais peu à peu au fil des mois de cette année scolaire, elle va se rassembler et affronter le quotidien, et se reconstruire pour continuer à vivre et à grandir.
Camille voudrait rencontrer un amoureux et à le grand rêve de partir à New York.
Benjamin est toujours présent pour lui redonner le sourire grâce à ces blagues.
Zénobie est une originale qui dit pleins de gros mots, conduit à sa façon une vieille 2 CV et déteste les supermarché, elle est attentive aux besoins de Babar et Camille et sait y faire pour les consoler et les faire rire !
Une histoire belle et émouvante, qui évoque avec beaucoup de justesse et de tact la perte d’un parent.
Merci Babelio pour cette belle et touchante découverte.
Extrait : (début du livre)
8 heures du mat’, j’ai le bourdon. Ça ressemble à un début de chanson sur la radio pour vieux de Maman. Le gars qui chante a des frissons. Moi aussi. Et je ne peux plus bouger. C’est la rentrée, ça fait un quart d’heure que je suis plantée sur le trottoir. Les portes du collège sont grandes ouvertes, je n’ai qu’à traverser pour rejoindre la cour, ce n’est pas que je ne veux pas, je ne peux pas. Mes jambes refusent de bouger, je suis raide comme un piquet, j’ai une énorme boule dans la gorge et je sens mes yeux s’embuer comme les hublots d’un paquebot en plein naufrage.
Sale journée.
Sur mon bout de trottoir, je ne peux pas m’empêcher de penser au même jour il y a deux ans. Je rentrais en sixième et si ce n’était pas franchement un événement pour moi, ça l’était pour Maman, remontée comme un coucou, comme si c’était elle qui allait découvrir le collège. Alors elle s’était levée bien plus tôt que d’habitude pour me préparer un copieux petit déjeuner avant de venir me réveiller en me sifflotant doucement à l’oreille. Puis elle m’avait aidée à choisir mes vêtements, « pas trop sérieux, pas pétasse non plus s’il te plaît ! », et elle m’avait conduite en voiture jusqu’à la grande porte pour m’observer une dernière fois, en m’enveloppant de son doux regard un peu plus brillant que d’habitude. « Ma Camille… » Cette fois-là, c’était elle le Titanic. Et il tanguait drôlement de l’intérieur.
Je me souviens avoir trouvé ça curieux. Les adultes, quand même… De mon côté, je n’étais pas émue du tout. Au contraire, c’est limite s’il ne fallait pas me retenir de sauter de la voiture en marche tellement j’étais impatiente. À 11 ans, je n’étais plus une gamine depuis longtemps. D’ailleurs, Maman me l’a souvent dit, j’ai toujours été en avance, plus mature que les enfants de mon âge. Là, c’était vraiment concret. En arrivant dans ce collège dont on m’avait tant parlé, j’ai eu l’impression d’avoir grandi d’un coup. Mais pas au point d’être blasée de retrouver ma mère plantée au même endroit sur le trottoir le midi, comme si elle n’avait pas bougé de la matinée pour être sûre de ne pas me rater.
Journée exceptionnelle oblige, nous avions mangé « entre filles » dans un restaurant italien sur la Grand-Place. Je lui avais raconté cette première matinée d’un air assuré, comme si le collège était déjà une vieille habitude et elle m’avait écoutée, avide de détails. « Ton prof principal, il est comment ? » Un vieux. Barbu. « Vieux ? » Ouais, au moins 40 ans. « Âge canonique en effet… Et ta classe ? » Bah, une classe, quoi. « Et les autres élèves, ils sont sympas ? » J’ai pas trop eu le temps de leur parler encore. « Même à ton voisin de table ? Tu es assise à côté de qui ? Une fille ? Un garçon ! Il est mignon ? » Mamaaaan ! Finie la belle assurance, j’étais rouge comme une pivoine et pas uniquement à cause de l’huile pimentée sur ma pizza. Oui, il était mignon, plus que ça même : si je n’avais pas discuté avec le reste de la classe, j’avais quand même jeté un œil sur les autres tables, genre distrait-mais-en-fait-très-affûté, pour me rendre compte que « M. le professeur principal » avait eu la main heureuse dans le placement. J’avais hérité du « SBG », le super beau gosse. Sauf qu’il m’intimidait tellement que je n’arrivais pas à le regarder en face. Et encore moins à en parler.
Évidemment, ça avait fait rire Maman de me voir comme ça. Mais elle n’avait pas insisté, domptant difficilement sa curiosité jusqu’au soir où j’avais eu droit au même rituel, sans la pizza. Des questions, encore des questions, dans la voiture, la cuisine, la salle de bains, avant la dernière salve au bord de mon lit. Assise sur une fesse, elle m’avait regardée d’un air grave. « Bon alors, il est vraiment mignon ce garçon ? » Comme je recommençais à virer au rouge, elle a pouffé de rire, passé sa main dans mes cheveux avant de m’embrasser. « Je te taquine, fleur bleue. » Mouais, elle avait plutôt une tronche de coquelicot, la fleur bleue…