L’habitude des bêtes – Lise Tremblay

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Delcourt – août 2018 – 128 pages

Boréal – septembre 2017 – 168 pages

Quatrième de couverture :
« J’avais été heureux, comblé et odieux. Je le savais. En vieillissant, je m’en suis rendu compte, mais il était trop tard. Je n’avais pas su être bon. La bonté m’est venue après, je ne peux pas dire quand exactement. » C’est le jour sans doute où un vieil Indien lui a confié Dan, un chiot. Lorsque Benoît Lévesque est rentré à Montréal ce jour-là, il a fermé pour la vie son cabinet dentaire et les volets de son grand appartement. Ce n’est pas un endroit pour Dan, alors Benoît décide de s’installer pour de bon dans son chalet du Saguenay, au cœur du parc national. Il y mène une vie solitaire et tranquille, ponctuée par les visites de Rémi, un enfant du pays qui lui rend de menus services, et par la conversation de Mina, une vieille dame sage. Mais quand vient un nouvel automne, le fragile équilibre est rompu. Parce que Dan se fait vieux et qu’il est malade. Et parce qu’on a aperçu des loups sur le territoire des chasseurs, dans le parc. Leur présence menaçante réveille de vieilles querelles entre les clans, et la tension monte au village…Au-delà des rivalités, c’est à la nature, aux cycles de la vie et de la mort, et à leur propre destinée que devront faire face les personnages tellement humains de ce court roman au décor majestueux.

Auteur : Lise Tremblay est née à Chicoutimi. En 1999, son roman La Danse juive lui a valu le Prix du Gouverneur général. Elle a également obtenu le Grand Prix du livre de Montréal en 2003 pour son recueil de nouvelles La Héronnière (Leméac, Babel). Elle a fait paraître trois romans au Boréal : La Sœur de Judith (2007), Chemin Saint-Paul (2015) et L’Habitude des bêtes (2017).

Mon avis : (lu en octobre 2018)
Voilà un court roman qui nous plonge dans un lieu de nature exceptionnel, dans un petit village du Saguenay, au cœur du parc national. Le narrateur, Benoît, est un ancien dentiste, qui après une vie trépidante et égoïste, s’est posé au calme, après qu’un vieil Indien lui a confié un chiot, Dan. Aujourd’hui, Dan est vieux, sourd et malade. Le village est en émoi, quelques loups ont été aperçus à proximité des maisons… Certains pensent que c’est le cycle normal de la nature et que bientôt les loups s’en iront d’eux-mêmes, d’autres veulent piéger les loups, les détruire pour que la saison de la chasse soit meilleure… Le lecteur va découvrir le quotidien de cette localité en pleine nature, ses différents habitants, bien campés et attachants, des solitaires solidaires… Le rythme est lent, la lecture est dépaysante et vraiment agréable. Une très belle découverte !

Extrait : (début du livre)
Elle ne voulait pas avoir l’air d’une femme, ni d’une femme ni d’un homme. Tout ce qu’elle voulait, c’était être plate. Avec sa petite taille et ses cheveux courts, elle en était certaine, elle allait être plate et rien. Pour elle, rien, ça voulait dire sans sexe apparent. Ce n’était pas la première fois qu’elle me le disait. Je pouvais être des mois sans nouvelles et, tout d’un coup, je recevais une lettre. Elle avait une écriture d’enfant. Elle me disait à quel point elle désirait être rien. Cette fois-ci, elle avait trouvé une chirurgienne qui voulait l’opérer, lui enlever ce qu’elle avait en trop. Enfin, elle n’aurait plus de seins. La chirurgienne avait parlé avec la psychiatre et elles étaient d’accord.
Depuis quelques mois, elle avait entrepris des démarches officielles. J’ignorais comment Carole avait pu se débrouiller dans tout ce dédale de rendez-vous médicaux, de formulaires à remplir, mais elle y était parvenue. D’ici quelques semaines, elle ne serait rien. J’ai raccroché, soulagé. J’étais content pour elle. J’ai même décidé que j’irais à l’hôpital le jour de l’opération.
Je suis retourné dans la cuisine pour constater que Dan n’avait toujours pas mangé. Il avait passé l’après-midi couché sur le sofa. Depuis quelques jours, il avait moins d’entrain. Il ne me bousculait plus devant la porte comme il le faisait habituellement, si ça continuait, je devrais l’emmener chez la vétérinaire. Je l’ai appelé, j’ai mis mon manteau, et il est venu me rejoindre. J’avais besoin de marcher. J’ai pris le bord de chez Mina, ça me ferait longer le lac. La lumière était magnifique. Il ne me faut que quelques minutes près du lac pour que tout rentre dans l’ordre. Je ne pouvais plus grand-chose pour Carole, et lorsque j’aurais pu faire quelque chose, je ne l’avais pas fait. Il était trop tard. J’avais été un père odieux. Ma fille et mon ex-femme avaient vécu dans le luxe, mais je ne m’intéressais pas à elles. Je ne m’intéressais à rien d’autre qu’à travailler et à voler dans mon hydravion. Voler vers le nord, atterrir sur le lac, sortir le stock pour la fin de semaine et aller prendre un verre dans le chalet central de la pourvoirie que je fréquentais.

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