Le pensionnat – Michel Noël

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Dominique et compagnie – janvier 2018 – 260 pages

Michel Quintin – 1998 – (Dompter l’enfant sauvage – tome 2 : Le pensionnat)

Quatrième de couverture :
Voici une histoire tragique inscrite dans le passé de notre pays. Celle de Nipishish et de ses amis, qui sont transplantés contre leur gré dans un pensionnat indien. Pour le privilège d’apprendre à lire et à compter, les jeunes Amérindiens auront un prix horrible à payer…
Une aventure vécue, écrite dans une langue magnifique, qui restera gravée dans le cœur des lecteurs.

Auteur : Né au Québec, Michel Noël se définit lui-même comme étant « un québécois d’origine amérindienne », car il a vécu les 14 premières années de sa vie en milieu algonquin.
Après des études pédagogiques, il entame une licence en lettres et poursuit ses études en obtenant une maîtrise en Arts, puis un doctorat en 1983.
En plus d’être un universitaire, il est aussi un homme de terrain : il passe la majeure partie de son temps dans les réserves ou sur les territoires ancestraux. Compte tenu de son imposante production littéraire, Michel Noël prend le temps d’écrire. A son actif, plus de cinquante livres comprenant des albums et ouvrages pour enfants. Il a été récompensé par plusieurs prix dont celui du Gouverneur général du Canada en 1997, pour l’excellence de son œuvre et sa contribution à l’harmonisation des relations entre les peuples.
À ce sujet, il se dit un « conteur » comme l’étaient ses ancêtres. Excellent médiateur, il croit en son rôle de transmettre aux autres, particulièrement aux jeunes, toutes les connaissances, la sagesse et le savoir dont il a hérité de ses parents et grands-parents. Pour son implication, Michel Noël a été nommé Citoyen du monde par l’Association canadienne pour les Nations Unies. En 2002, il a reçu la médaille de reconnaissance du Sénat pour son apport à la promotion de la langue et de la culture française.

Illustration de la couverture : Réal Binette
Illustrations de l’intérieur : Jacques Néwashish

Mon avis : (lu en septembre 2018)
Une histoire vécue par plus de 150 000 jeunes autochtones qui met en lumière un épisode cruel de l’Histoire du Canada et des peuples autochtones.
L’auteur est « un québécois d’origine amérindienne », il nous raconte l’histoire de Nipishish et de ses amis, qui ont été forcés de quitter leur communauté pour aller dans un pensionnat indien tenu par des religieux. Par la voix de Nipishish, le lecteur découvre le quotidien de ces pensionnats surtout destinés à évangéliser et assimiler les jeunes indiens plutôt qu’à les instruire. Les enfants sont humiliés, maltraités et il leur est interdit de parler leur langue. Tout est fait pour qu’ils soient éloignés de leurs proches et qu’ils oublient leur culture…
Avant chaque début de chapitre, on retrouve une sagesse amérindienne, pleine de poésie, illustrée par Jacques Néwashish.
Le mot de l’auteur à la fin du livre est très instructive, il explique ses sources d’inspiration, en particulier le témoignage d’un de ses amis ayant fréquenté ce type de pensionnat. Il fait le constat désastreux de cette politique d’assimilation massive qui a encore aujourd’hui des conséquences désastreuses.
Un livre poignant et fort.

Extrait : (début du livre)
Mon grand-père s’appelle Wawaté. C’est ainsi que les Anishnabés nomment les aurores boréales. Ma grand-mère s’appelle Kokum. C’est le nom que nous donnons à la lune lorsqu’elle est ronde. Ma mère, que j’ai peu connue, porte un beau nom et un beau prénom. Elle s’appelle Flore St-Amour. Flore comme une fleur sauvage et Amour pour la plus belle création de l’humanité. Mon père s’appelle Shipu, ce qui signifie Grande Rivière. Et moi, il m’a baptisé Nipishish, Petite Rivière. Je suis le fils d’une  Grande Rivière et d’une Fleur Sauvage et le petit-fils des aurores boréales et de la pleine lune.

J’ai des doutes sur la sincérité de notre missionnaire, le révérend père Beauchêne. Je n’aime pas son odeur ; il pue la mousse humide et les champignons écrasés. C’est un rusé, ça se voit dans ses petits yeux vitreux de belette. Mon père ne l’aime pas non plus, mais il n’a pas le choix. Il lui faut le tolérer sans maugréer. Les Indiens n’ont pas le droit de parole. Comme s’ils n’existaient pas.

En forêt, nous avons des maîtres absolus et omniprésents : la CIP (Canadian International Paper, la plus grande entreprise forestière de la région), la HBC (Hudson’s Bay Compagny, magasin général et commerce de fourrures), la Police montée et le clergé. Ceux sont eux qui contrôlent tout, qui prennent toutes les décisions. Ils disent que cela vaut mieux puisque nous agissons comme des enfants et que, de toute façon, ils ne veulent que notre bien.

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3 réflexions sur “Le pensionnat – Michel Noël

  1. Cela doit être bouleversant.
    Sur le même sujet, d’une auteure française je te conseille « Kill the Indian in the Child » d’Elise Fontenaille. Il m’a fait pleurer tellement c’est dur. C’est aussi un roman jeunesse.

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  2. J’ai découvert cette histoire très récemment lors d’un voyage au Canada, en visitant un musée sur l’histoire du pays. Il y avait des témoignages de ces amérindiens qui ont été retirés à leur famille pour « une politique d’assimilation » et qui en ont été détruits. J’en parle justement dans ma dernière chronique, lié à « Québec en novembre »

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