Tout bouge autour de moi – Dany Laferrière

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Grasset – janvier 2011 – 192 pages

Livre de Poche – août 2012 – 192 pages

Quatrième de couverture :
Le 12 janvier 2010, Dany Laferrière se trouvait à Port-au-Prince. Un an après, il décide de témoigner de ce qu’il a vu et écrit Tout bouge autour de moi. Sans pathos, sans lyrisme. Des « choses vues » qui disent l’horreur, mais aussi le sang-froid des Haïtiens. Que reste-t-il quand tout tombe ? La culture. Et l’énergie d’une forêt de gens remarquables.

Auteur : Né à Haïti en 1953 et vivant au Canada depuis plus de trente ans, Dany Laferrière est l’auteur de romans salués par la critique : Le Goût des jeunes filles (2005), Vers le Sud (2006), Je suis un écrivain japonais (2008). Il pose d’une manière toute personnelle la question de l’identité et de l’exil.

Mon avis : (lu en novembre 2018)
Avec un jour de retard pour le rendez-vous Dany Laferrière, je me suis lancée dans la lecture de ce livre témoignage dimanche dernier. Je croyais avoir déjà lu des livres de Dany Laferrière… et bien non, c’est une première !
Ce livre est le témoignage de Dany Laferrière sur Haïti et le séisme du 12 janvier 2010.  Vivant à Montréal depuis plus de trente ans, le 12 janvier à 16h53, Dany Ferrière était présent à Port-au-Prince avec Rodney Saint-Eloi et d’autres écrivains venus à l’occasion du Festival Étonnants Voyageurs.
Quand il est en voyage, Dany Laferrière a toujours sur lui son passeport et un calepin noir « où je note tout ce qui traverse mon champ de vision ou qui me passe par l’esprit ». A travers de courts chapitres, il nous raconte dès la première minute après la secousse ce qu’il a vécu, ce qu’il a vu, ce qu’il a ressenti…
Quelques jours plus tard, après être rentré à Montréal que l’auteur prend conscience de l’ampleur de la catastrophe. Sur place à Haïti, sans moyens de communication ou presque, il n’avait qu’une vue partielle du drame. Il est ému par l’empathie des gens qui le croisent, par la générosité du monde entier.

Quelques mois plus tard, le décès de sa tante l’invite à revenir à Haïti et à poursuivre son témoignage sur l’après séisme.
Il rend hommage au peuple haïtien digne et courageux : « Ces gens habitués à chercher la vie dans les conditions difficiles porteront l’espérance jusqu’en enfer », à leur fraternité, leur solidarité face aux difficultés et leur résilience « On a peur une minute et on danse la minute d’après », aux nombreux artistes issus de pays bousculé par les éléments ou par les dictateurs.

C’est un témoignage poignant, bouleversant, authentique et plein d’humanité.

Extrait : (début du livre)
La minute
Me voilà au restaurant de l’hôtel Karibe avec mon ami Rodney Saint-Eloi, éditeur de Mémoire d’encrier, qui vient d’arriver de Montréal. Au pied de la table, deux grosses valises remplies de ses dernières parutions. J’attendais cette langouste (sur la carte, c’était écrit homard) et Saint-Eloi, un poisson gros sel. J’avais déjà entamé le pain quand j’ai entendu une terrible explosion. Au début j’ai cru percevoir le bruit d’une mitrailleuse (certains diront un train), juste dans mon dos. En voyant passer les cuisiniers en trombe, j’ai pensé qu’une chaudière venait d’exploser. Tout cela a duré moins d’une minute. On a eu huit à dix secondes pour prendre une décision. Quitter l’endroit ou rester. Très rares sont ceux qui ont fait un bon départ. Même les plus vifs ont perdu trois ou quatre précieuses secondes avant de comprendre ce qui se passait. Moi, j’étais dans le restaurant de l’hôtel avec des amis, l’éditeur Rodney Saint-Eloi et le critique Thomas Spear. Spear a perdu trois précieuses secondes parce qu’il voulait terminer sa bière. On ne réagit pas tous de la même manière. De toute façon, personne ne peut prévoir où la mort l’attend. On s’est tous les trois retrouvés à plat ventre, au centre de la cour. Sous les arbres. La terre s’est mise à onduler comme une feuille de papier que le vent emporte. Bruits sourds des immeubles en train de s’agenouiller. Ils n’explosent pas. Ils implosent, emprisonnant les gens dans leur ventre. Soudain, on voit s’élever dans le ciel d’après-midi un nuage de poussière. Comme si un dynamiteur professionnel avait reçu la commande expresse de détruire une ville entière sans encombrer les rues afin que les grues puissent circuler.

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