Le Cercle littéraire des Amateurs d’épluchures de patates – Mary-Ann Shaffer et Annie Barrows

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NIL – avril 2009 – 396 pages

10/18 – janvier 2011 – 416 pages

Audiolib – novembre 2011 – 8h17 – Lu par Cachou Kirsch et 4 comédiens

traduit de l’américain par Aline Azoulay

Titre original : The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society, 2008

Présentation de l’éditeur
Janvier 1946. Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale et Juliet, jeune écrivaine anglaise, est à la recherche du sujet de son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d’un inconnu, un natif de l’île de Guernesey, va le lui fournir ? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre son monde et celui de ses amis – un monde insoupçonné, délicieusement excentrique. Celui d’un club de lecture créé pendant la guerre pour échapper aux foudres d’une patrouille allemande un soir où, bravant le couvre-feu, ses membres venaient de déguster un cochon grillé (et une tourte aux épluchures de patates…) délices bien évidemment strictement prohibés par l’occupant. Jamais à court d’imagination, le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates déborde de charme, de drôlerie, de tendresse, d’humanité Juliet est conquise. Peu à peu, elle élargit sa correspondance avec plusieurs membres du Cercle et même d’autres habitants de Guernesey , découvrant l’histoire de l’île, les goûts (littéraires et autres) de chacun, l’impact de l’Occupation allemande sur leurs vies… Jusqu’au jour où elle comprend qu’elle tient avec le Cercle le sujet de son prochain roman. Alors elle répond à l’invitation chaleureuse de ses nouveaux amis et se rend à Guernesey. Ce qu’elle va trouver là-bas changera sa vie à jamais.

Auteur : Mary Ann Shaffer est née en 1934 en Virginie-Occidentale. C’est lors d’un séjour à Londres, en 1976, qu’elle commence à s’intéresser à Guernesey. Sur un coup de tête, elle prend l’avion pour gagner cette petite île oubliée où elle reste coincée à cause d’un épais brouillard. Elle se plonge alors dans un ouvrage sur Jersey qu’elle dévore : ainsi naît fascination pour les îles anglo-normandes. Des années plus tard, encouragée à écrire un livre par son propre cercle littéraire, Mary Ann Shaffer pense naturellement à Guernesey. Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates est son premier roman, écrit avec sa nièce, Annie Barrows, elle-même auteur de livres pour enfants. Mary Ann Shaffer est malheureusement décédée en février 2008 peu de temps après avoir su que son livre allait être publié et traduit en plusieurs langues.

Mon avis : (relecture en août 2018)
C’est après avoir été voir le film adapté de ce livre que j’ai eu envie de relire ce livre.
C’est un roman épistolaire avec Juliet Ashton est une journaliste londonienne en recherche d’un sujet pour un prochain article, elle échange avec ses amis Sidney et Sophie Stark. Un jour, elle reçoit une lettre de Dawsey Adams, habitant de l’île de Guernesey, il a en sa possession un livre de Charles Lamb ayant appartenu à Juliet et où figurait son adresse. Dawsey se présente en tant que membre du « Cercle littéraire des Amateurs d’épluchures de patates », cela intrigue Juliet et un échange de lettres aura lieu entre eux, puis avec Isola Pribby et Amelia Maugery, membres également du Cercle littéraire. Pour le lecteur, c’est surtout l’occasion de découvrir l’histoire de l’Île de Guernesey durant la Seconde Guerre Mondiale, occupée par les Allemands, elle est coupée de la Grande-Bretagne, une partie de la population a quitté l’Île, en particulier les enfants et le ravitaillement y est très difficile d’où la création d’une tourte aux épluchures de patates qui sera à l’origine du fameux Cercle littéraire…

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J’ai trouvé l’adaptation cinématographique du livre réussite, elle garde parfaitement l’esprit du livre et en bonus nous avons les magnifiques paysages de Guernesey !

Extrait : (début du livre)

8 janvier 1946

Mr. Sidney Stark, Éditeur
Stephens & Stark Ltd.
21 St. James Place
Londres SW1
Angleterre

Cher Sidney,
Susan Scott est une perle. Nous avons vendu plus de quarante exemplaires du livre, ce qui est plutôt réjouissant, mais le plus merveilleux, de mon point de vue, a été la partie ravitaillement, Susan nous a déniché des tickets de rationnement pour du sucre glace et de vrais œufs afin de nous confectionner des meringues. Si tous ses déjeuners littéraires atteignent ces sommets, je suis partante pour une tournée dans tout le pays. Penses-tu qu’un somptueux bonus l’encouragerait à nous trouver du beurre ? Essayons, tu n’auras qu’à déduire la somme de mes droits d’auteur.
À présent, les mauvaises nouvelles. Tu m’as demandé si mon nouveau livre progressait. Non, Sidney, il ne progresse pas.
Les Faiblesses anglaises s’annonçaient pourtant si prometteuses. Après tout, on devrait pouvoir écrire des tartines sur la société anglaise pour dénoncer la glorification du Lapinou anglais. J’ai exhumé une photo du Syndicat des exterminateurs de nuisibles, défilant dans Oxford Street avec des pancartes « À bas Beatrix Potter ! ». Mais que peut-on ajouter à cela ? Rien. Rien du tout.
Je n’ai plus envie d’écrire ce livre. Je n’ai plus ni la tête ni le cœur à l’écrire. Aussi chère que m’a été (et m’est encore) Izzy Bickerstaff, je ne veux plus rien écrire sous ce nom. Je ne veux plus être considérée comme une journaliste humoriste. Je suis consciente que faire rire – ou au moins glousser – les lecteurs en temps de guerre n’était pas un mince exploit, mais c’est terminé. J’ai le sentiment d’avoir perdu le sens des proportions ces derniers temps, et Dieu sait qu’on ne peut rien écrire de drôle sans cela.
En attendant, je suis très heureuse que Stephens & Stark gagne de l’argent avec Izzy Bickerstaff s’en va-t-en guerre. Le fiasco de ma biographie d’Anne Brontë me pèse moins sur la conscience.
Merci pour tout,
Affectueusement,
Juliet

Petit bac 2018Art (6)

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Sauveur & Fils saison 4 – Marie-Aude Murail

41mFka+jzUL.jpg École des Loisirs – juin 2017 – 320 pages

Quatrième de couverture :
Comment résoudre tous nos problèmes ?
On peut, comme Jean-Jacques, s’enfermer dans sa chambre et ne plus penser à rien en dégommant des terroristes sur son ordinateur. On peut, comme Gabin, s’enfoncer des écouteurs dans les oreilles et passer ses nuits en compagnie des zombis de The Walking Dead. On peut aussi, comme Frédérique, demander à une voyante de lire l’avenir, ou bien, comme Jérôme, s’enfuir en abandonnant femme et enfants.
Mais on peut également consulter monsieur Sauveur Saint-Yves, psychologue clinicien, comme Solo, comme Margaux, comme Samuel, comme Ella, et regarder la vie en face.
Le bonheur sera peut-être au rendez-vous.

Auteur : Marie-Aude Murail est née au Havre en 1954. Elle vit avec son mari et a trois enfants, deux garçons et une fille. Elle a commencé à écrire pour la jeunesse en 1986. Au début, ses romans étaient surtout destinés à des femmes, puis elle s’est mise à écrire pour les jeunes de 7 à 16 ans. Dans ses romans, on peut retrouver énormément de dialogues entre les personnages. Son but est de séduire ses lecteurs grâce à de l’émotion et de l’amour. Le plus souvent, dans ses livres, les histoires se passent dans des milieux urbains et les héros sont des hommes, souvent des ados, motivés par des femmes. Elle a écrit Oh boy (2000), Simple (2004), Maïté coiffure (2004), Miss Charity (2008), Papa et Maman sont dans un bateau (2009), 3000 façons de dire je t’aime (2013).

Mon avis : (lu en août 2018)
J’ai toujours autant de plaisir à suivre les différents épisodes de la série « Sauveur & Fils », nous voilà à la 4ème saison qui semble-t-il est également (à mon grand regret) la dernière.
Sauveur est psychologue clinicien à Orléans, d’origine martiniquaise, veuf, il élève seul son fils Lazare.
Côté professionnel, le lecteur découvre les différents patients du psychologue et leurs questionnements, problèmes et évolutions… Des adultes, des enfants, ils sont souvent très attachants et qui nous fait réfléchir sur des sujets très actuels et variés. Ella voudrait être un garçon, son père, Camille, est un alcoolique en désintoxication, Maïlys, quatre ans, cherche à attirer l’attention de ses parents, il y a Margaux et Blandine, deux sœurs, ou Samuel, qui ne supporte plus sa mère très envahissante. Solo le gardien prison et Jean-Jacques, qui refuse de quitter sa chambre, sont de nouveaux patients…

Côté personnel, Sauveur s’est créé une famille recomposée en accueillant chez lui, Gabin, l’adolescent dont la mère est malade, Jovo, l’ancien légionnaire SDF, qui fait office de grand-père. Il y a également Louise, son amoureuse, et ses deux enfants : Paul, copain inséparable de Lazare, et Alice, sa grande sœur. Ils ont du mal à se faire une place à plein temps dans la petite maison de Sauveur… Et enfin, il ne faut pas oublier la grande famille des hamsters qui n’en finit pas de s’agrandir…
Je vous encourage à découvrir cette série formidable, intelligente et réaliste. Une série qui fait du bien, avec beaucoup d’humanité, d’empathie, de bienveillance et également de l’humour !

Extrait : (début du livre)
Semaine du 4 au 10 janvier 2016
– Pourquoi on est là, au fait ?

– Mais tu sais bien, c’est le docteur qui t’a dit de voir ce psy.
– Mais j’ai rien à lui dire. Comment il s’appelle déjà ?
– Sauveur Saint-Yves.
Le jeune homme passa la main sur la barbe mousseuse et clairsemée qui lui envahissait les joues et le cou comme de la mauvaise herbe.
– Je lui dis quoi ?
– Mais tu sais bien, dit sa mère. Que tu dors pas. Que tu sors pas. Que tu es toujours sur tes jeux.
– Il va me répondre : achète-toi une vie.
Tous les deux parlaient à voix basse, avec les précautions qu’on prend dans la chambre d’un grand malade qui s’est endormi malgré la souffrance.
– Monsieur Luciani ?
Le jeune homme tressaillit. Comme il ne sortait plus de sa chambre, personne ne l’interpellait de cette façon. Il tourna la tête vers la porte qui venait de s’ouvrir et eut un regard d’ébahissement qui le fit paraître très enfantin, très démuni. Il s’attendait à voir un docteur dans le style de Dubois-Guérin, son médecin généraliste, un petit moustachu ratatiné derrière son bureau. Mais ce psychologue de quartier était un grand Noir décontracté dans un costard avec chemise blanche au col ouvert.
– Si vous voulez bien me suivre ? dit-il avec un discret signe de tête pour saluer la femme.
Il leur fit traverser le couloir qui séparait la salle d’attente de son cabinet de consultation. D’ordinaire, les nouveaux patients jetaient autour d’eux un bref regard d’inspection. Mais le jeune homme se tint immobile près d’un fauteuil, les yeux dans le vide.
– Asseyez-vous, l’invita Sauveur. Vous aussi, madame.
Madame Luciani posa son sac et son manteau sur le canapé et s’assit. C’était une petite femme au teint olivâtre, des cernes noirs lui creusant les yeux. Ses cheveux mal coupés, qui avaient été d’un noir de jais, grisonnaient à la racine.
– C’est moi qui vous ai appelé la semaine dernière pour prendre un rendez-vous pour mon fils.
– Mm, mm.
– Sur le conseil de mon généraliste.
– D’accord.
Silence. Lourde respiration du jeune homme. Il déplaça son corps dans le fauteuil comme un dormeur se retourne sur son matelas.
– Et vous, monsieur ? le sollicita Sauveur.

Déjà lu du même auteur :

Simple Simple et Simple (relecture)

papa_et_maman_sont_dans_un_bateau Papa et Maman sont dans un bateau

MissCharityGRAND Miss Charity la_fille_du_docteur_Baudoin Le fille du docteur Baudoin

92806891 3000 façons de dire je t’aime 

114911377 Sauveur et fils – saison 1 117081217 Sauveur & Fils – saison 2 

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Petit bac 2018
Mot positif (6)

N’éteins pas la lumière – Bernard Minier

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XO édition – février 2014 – 612 pages

Pocket – février 2015 – 704 pages

Quatrième de couverture :
 » Tu l’as laissée mourir… « 

Le soir de Noël, Christine Steinmeyer, animatrice radio à Toulouse, trouve dans sa boîte aux lettres le courrier d’une femme qui annonce son suicide. Elle est convaincue que le message ne lui est pas destiné. Erreur ? Canular ? Quand le lendemain, en direct, un auditeur l’accuse de n’avoir pas réagi, il n’est plus question de malentendu. Et bientôt, les insultes, les menaces, puis les incidents se multiplient, comme si quelqu’un cherchait à prendre le contrôle de son existence. Tout ce qui faisait tenir Christine debout s’effondre. Avant que l’horreur fasse irruption.
Dans les ténèbres qui s’emparent de sa vie, la seule lueur d’espoir pourrait bien venir d’un certain Martin Servaz.

Auteur : Bernard Minier, né en 1960, originaire de Béziers, a grandi au pied des Pyrénées. Contrôleur principal des douanes, marié et père de deux enfants, il vit aujourd’hui en région parisienne. Son premier roman, Glacé (2011), a reçu le prix du meilleur roman français du Festival Polar de Cognac. Le succès de ses romans suivants, Le Cercle (2012, prix 2013 des bibliothèques et médiathèques de Cognac) et N’éteins pas la lumière (2014), qui mettent à nouveau en scène Martin Servaz, fait de lui un auteur incontournable du polar français. En 2015, il accorde un peu de répit à son héros et publie un thriller indépendant, Une putain d’histoire, qui reçoit le Prix du meilleur roman francophone du Festival Polar de Cognac 2015. En 2017, Martin Servaz reprend du service avec l’angoissant Nuit, suivi en 2018 par Sœurs, « un cauchemar écrit à l’encre noire ».

Mon avis : (lu en août 2018)
J’ai décidé de lire ce livre pour le « Challenge Pavé de l’été ». C’est une histoire de manipulations et de harcèlement.
Christine Steinmeyer est une animatrice radio à Toulouse et le soir de Noël, elle trouve dans sa boîte aux lettres la lettre d’une femme qui annonce son suicide. C’est sans doute une erreur, cette lettre n’est pas pour elle. Le lendemain, en direct à la radio, un auditeur l’accuse de n’avoir pas agi pour empêcher une femme de mourir. C’est troublant et peu à peu, Christine devient de plus en plus mal à l’aise…
Et Matin Servaz ? Suite à sa dernière enquête ( que j’ai lu depuis plus de 5 ans…), il est en convalescence dans une maison de repos… Donc, à mon grand regret, absent du livre durant près de la moitié de ce roman policier. L’intrigue très psychologique ne m’a pas convaincue plus que cela, j’ai trouvé beaucoup de longueurs dans cette première partie du livre, et pour moi qui me réjouissais de retrouver le personnage de Martin Servaz et son équipe, c’est un peu décevant…

Extrait  : (début du livre)
IL MARCHAIT AU CŒUR de la forêt. Dans la neige et le blizzard. Il avait tellement froid qu’il claquait des dents. Des cristaux de glace s’accrochaient à ses sourcils et à ses cils ; la neige adhérait par croûtes à sa veste de ski matelassée et à la laine humide de son bonnet – et Rex lui-même avait du mal à progresser dans l’épais manteau neigeux, dans lequel il enfonçait jusqu’au garrot à chaque saut. L’animal aboyait à intervalles réguliers, sans doute pour lui faire part de sa désapprobation, et ses aboiements étaient renvoyés par l’écho. De temps en temps, il s’arrêtait pour s’ébrouer comme s’il sortait de l’eau, envoyant valser autour de son pelage fauve et noir un nuage de poudreuse et d’aiguilles de glace. Ses pattes fines et musclées imprimaient de profondes traces dans le linceul blanc, son ventre laissait une empreinte incurvée à sa surface, comme celle d’une luge en plastique.

La nuit commençait à tomber. Le vent se levait. Où était-elle ? Où était la cabane ? Il s’arrêta et reprit sa respiration. Il ahanait, un souffle rauque jaillissant de ses poumons, le dos trempé de sueur sous sa veste de ski et son sweat. La forêt lui faisait l’effet d’un organisme vivant – froissements des branches alourdies par la neige qui bougeaient sous le vent, craquements secs quand l’écorce se fendait sous la morsure du froid, chuchotements de la bise qui, par moments, enflait démesurément à ses oreilles, babil cristallin d’un ruisseau proche, pas encore tout à fait gelé. Et puis le craquement soyeux de ses pas, scandant le rythme de sa progression, tandis qu’il levait haut les genoux et devait fournir de plus en plus d’efforts pour s’extraire de l’emprise de la neige. Et du froid. Bon Dieu ce qu’il faisait froid ! Il n’avait jamais eu aussi froid de toute sa vie.

Il aperçut quelque chose à travers la grisaille du crépuscule et les flocons qui lui piquaient les yeux, quelque chose dans la neige devant. Des reflets métalliques, deux cerceaux crénelés… Un piège… Une forme sombre était prise entre ses mâchoires d’acier.

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Déjà lu du même auteur :

glac_  Glacé le_cercle Le cercle

 

C’est lundi, que lisez-vous ? [37]

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane

Qu’est-ce que j’ai mis en ligne la semaine dernière ?

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Les Cahiers d’Esther : Histoires de mes 11 ans – Riad Sattouf
Cadres noirs – Pierre Lemaître
Ginny Moon – Benjamin Ludwig

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

L’Écart – Amy Liptrot (partenariat Éditions Globe)
Sarah Cohen-Scali – Max

Que lirai-je les semaines prochaines ?

Sarah Cohen-Scali – Orphelins 88 (partenariat Babelio)
Taqawan – Eric Plamondon
La femme qui fuit – Anaïs Barbeau-Lavalette
Le pensionnat – Michel Noël

Bonnes lectures et bonne semaine

 

Ginny Moon – Benjamin Ludwig

81yWH8t-h3L HarperCollins – mai 2017 – 432 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Caroline Valaud

Titre original : Ginny Moon, 2017

Quatrième de couverture :
Pour la première fois de sa vie, Ginny  Moon a trouvé sa Maison-pour-Toujours – un foyer avec une famille aimante qui saura la protéger et l’entourer. Le foyer dont n’importe quel enfant adopté pourrait rêver. Alors pourquoi cette adolescente de 14  ans cherche-t-elle à tout prix à se faire kidnapper par sa mère biologique, incapable de s’occuper d’elle ? Pourquoi Ginny veut-elle absolument retourner dans cet appartement où elle a failli mourir ?
C’est une adolescente comme les autres – elle joue de la flûte, s’entraîne pour le tournoi de basket de l’école et étudie les poèmes de Robert Frost –, à un détail près  : elle est autiste. Et certaines choses sont très importantes pour elle  : commencer sa journée avec précisément neuf grains de raisin, chanter sur Michael Jackson (son idole), manger de la pizza au bacon et à l’ananas et, surtout, retrouver sa mère biologique pour pouvoir s’occuper de sa Poupée, qui court un grand danger.
Avec les moyens limités et pourtant redoutables d’une enfant enfermée dans son monde intérieur, Ginny va tout mettre en œuvre pour la sauver.

Auteur : Titulaire d’un double master d’anglais et d’écriture, Benjamin Ludwig est enseignant. Il vit dans le New  Hampshire avec son épouse et sa fille, une jeune femme autiste qu’il a adoptée quand elle était adolescente. Ginny  Moon est son premier roman  : il lui a été inspiré en partie par ses échanges avec les parents d’autres enfants particuliers, lors des jeux Olympiques spéciaux de basket organisés par l’école de sa fille.

Mon avis : (lu en juillet 2018)
J’ai découvert ce livre grâce au Café Lectures de la Bibliothèque.
Ginny n’est pas une adolescente comme les autres, elle est autiste. A l’âge de 9 ans, elle a été retirée à sa mère biologique, à cause des mauvais traitements dont elle était victime. Aujourd’hui, Ginny a 14 ans, et elle vit avec Maura et Brian, ses parents adoptifs ou « Parents-pour-toujours » comme elle aime les appeler. Malgré tout l’amour et la stabilité que ceux-ci lui donnent, Ginny n’arrive pas à être heureuse. Elle ne cesse pas tenter de contacter sa mère biologique car sa Poupée lui manque. Lorsque la police est venue la chercher, Ginny a du abandonner sa Poupée dans une valise… 
Ginny est la narratrice, le lecteur découvre donc toutes ses pensées, ses angoisses, ses peurs, alors que dans la vraie vie, elle a beaucoup de difficultés à communiquer avec ses proches. La lecture n’est pas toujours fluide, car Ginny a sa façon de penser propre à elle et passe souvent du coq à l’âne.
Avec beaucoup de sensibilité et de tendresse, l’auteur a su rendre le personnage de Ginny très attachant et à faire un roman plein de vie, avec des touches d’humour.

Extrait : (début du livre)
Le bébé électronique en plastique n’arrête pas de pleurer.
Mes Parents-pour-toujours disent que c’est pareil qu’un vrai bébé même si je pense le contraire. Il est jamais content. Même quand je le berce. Même quand je change sa couche et que je lui donne son biberon. Si je dis chut, chut, chut et que je lui donne mon doigt à suçoter, il a l’air bête et c’est tout, et il hurle, hurle, hurle.
Je le serre encore contre moi et je dis, tout doux, tout doux. Ensuite, j’essaie tous les trucs que Gloria faisait quand je piquais mes crises. Je pose ma main derrière sa tête et je me balance sur la pointe des pieds.
Ma voix monte et descend, comme si je chantais une chanson.
Je dis :
— Là, là.
Et :
— Je suis vraiment désolée.
Mais il ne s’arrête toujours pas.
Je le pose sur mon lit et il crie plus fort, alors je commence à chercher ma Poupée. La vraie. Même si je sais qu’elle n’est pas là. Je l’ai laissée dans l’appartement de Gloria, mais comme les bébés qui pleurent me rendent vraiment, vraiment angoissée, il faut que je cherche. C’est une sorte de règle dans mon cerveau. Je cherche dans mes tiroirs, dans mon placard, dans tous les endroits où une Poupée pourrait être.
Même dans la valise. Elle est grande et noire et elle ressemble à une boîte. Je la tire de sous le lit, je fais glisser la fermeture Eclair qui est tout autour. Mais ma Poupée n’est pas dedans.
Je respire fort. Il faut que ça s’arrête. Si je mets le bébé électronique en plastique dans la valise avec assez de couvertures et de peluches et que je le cache sous le lit, peut-être que je n’entendrai plus rien, comme si je mettais le bruit tout au fond de mon cerveau.
Parce que le cerveau est dans la tête. C’est un endroit très, très sombre, où personne ne peut rien voir à part moi.
Alors je pose le bébé électronique en plastique dans la valise et je commence à attraper des couvertures. Je les empile sur son visage et je mets aussi un oreiller et des peluches. Je pense que dans quelques minutes, il ne fera plus de bruit.
Parce que pour pleurer, il faut pouvoir respirer.

Cadres noirs – Pierre Lemaître

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Calmann-Lévy – février 2010 – 352 pages

Livre de Poche – mars 2011 – 448 pages

Quatrième de couverture :
Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans complètement usé par quatre années de chômage. Ancien DRH, il accepte des petits jobs qui le démoralisent. Au sentiment d’échec s’ajoute bientôt l’humiliation de se faire botter les fesses pour cinq cents euros par mois… Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d’étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l’argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme et de ses filles, et même à participer à l’ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d’une prise d’otages. Il s’engage corps et âme dans cette lutte pour retrouver sa dignité. S’il se rendait compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite. Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre…

Auteur : Pierre Lemaitre est l’auteur de Travail soigné (2006) prix du premier roman du festival de Cognac, Robe de marié (2008) prix du Meilleur polar francophone, Cadres noirs (2010) prix du Polar européen du Point, Alex (2010), Dagger international (2012), Sacrifices (2012) et Rosy & John (2013). Au revoir là-haut a reçu le prix France-Télévisions et le prix Goncourt 2013. Ses romans sont traduits en trente langues et plusieurs sont en cours d’adaptation au cinéma et au théâtre.

Mon avis : (lu en juillet 2018)
Voilà un roman noir qui tient le lecteur en haleine. Parfaitement écrit et construit.
Le monde de l’entreprise y est décrit sans concession avec une vraie férocité.
Alain Delambre, 57 ans, est un chômeur de longue durée. Ce cadre supérieur tente à tout prix de retrouver un emploi et il va accepter de participer à jeux de rôle pour tester d’autres employés et espérer un poste dans une grosse entreprise. Mais les dés sont pipés et Alain Delambre ne va pas se laisser faire…
Je n’en raconte pas plus car le lecteur doit découvrir par lui-même cette intrigue efficace avec ses trahisons, chantages, manipulations…
Une adaptation de ce roman policier en série de 6 x 52 minutes, est prévue prochainement sur Arte.  

Extrait : (début du livre)
Je n’ai jamais été un homme violent. Du plus loin que je remonte, je n’ai jamais voulu tuer personne. Des coups de colère par-ci par-là, oui, mais jamais de volonté de faire mal vraiment. De détruire. Alors là, forcément, je me surprends. La violence c’est comme l’alcool ou le sexe, ce n’est pas un phénomène, c’est un processus. On y entre sans presque s’en apercevoir, simplement parce qu’on est mûr pour ça, parce que ça arrive juste au bon moment. Je savais bien que j’étais en colère, mais jamais je n’aurais pensé que ça se transformerait en fureur froide. C’est ça qui me fait peur.
Et que ça se porte sur Mehmet, franchement…
Mehmet Pehlivan.
C’est un Turc.
Il est en France depuis dix ans, mais il a moins de vocabulaire qu’un enfant de dix ans. Il n’a que deux manières de s’exprimer : il gueule ou il fait la gueule. Et quand il gueule, il mélange du français et du turc. Personne ne comprend rien, mais tout le monde voit très bien pour qui il nous prend. Aux Messageries pharmaceutiques, où je travaille, Mehmet est « superviseur » et, selon une règle vaguement darwinienne, chaque fois qu’il monte en grade, il se met aussitôt à mépriser ses anciens collègues et à les considérer comme des sortes de lombrics. J’ai souvent rencontré ça dans ma carrière, et pas seulement avec des travailleurs migrants. Avec beaucoup de gens qui venaient du bas de l’échelle, en fait. Dès qu’ils montent, ils s’identifient à leurs patrons avec une force de conviction dont les patrons ne rêveraient même pas. C’est le syndrome de Stockholm appliqué au monde du travail. Attention : Mehmet ne se prend pas pour le patron. C’est presque mieux, il l’incarne. Il « est » le patron dès que le patron n’est pas là. Évidemment, ici, dans une entreprise qui doit employer deux cents salariés, il n’y a pas de patron à proprement parler, il n’y a que des chefs. Or Mehmet se sent trop important pour s’identifier à un simple chef. Lui, il s’identifie à une sorte d’abstraction, un concept supérieur qu’il appelle la Direction, ce qui est vide de contenu (les directeurs, ici, personne ne les connaît) mais lourd de sens : la Direction, autant dire le Chemin, la Voie. À sa façon, en montant l’échelle de la responsabilité, Mehmet se rapproche de Dieu.

Petit bac 2018Couleur (4)

Les Cahiers d’Esther : Histoires de mes 11 ans – Riad Sattouf

51ZNjb2mdML Allary éditions – janvier 2017 – 54 pages

Quatrième de couverture :
Je m’appelle Esther et j’ai 11 ans. Dans ce livre, vous trouverez 52 histoires qui me sont réellement arrivées (sujets : amours, école, attentats, famille, vraie vie des jeunes) et que Riad Sattouf a transformées en bandes dessinées (c’est le meilleur dessinateur du monde en ce moment apparemment).
Note sur la couverture : j’ai jamais fait ça en vrai, c’est juste un délire. Comment réagiraient les gens si je le faisais vraiment ? Ça me fait trop rire de l’imaginer (oui je suis un peu folle parfois).

Auteur : Riad Sattouf est l’auteur de nombreuses bandes dessinées, parmi lesquelles Retour au collège, Pascal Brutal, ou La vie secrète des jeunes. Il est l’un des rares auteurs de bandes dessinées à avoir obtenu deux fois le prix du meilleur album au festival d’Angoulême ( Pascal Brutal 3 en 2010, et L’Arabe du futuren 2015). Il est également cinéaste ( Les beaux gosses, 2010, César du meilleur premier film, et Jacky au royaume des filles, 2014).

Mon avis : (lu en juillet 2018)
Après Esther et l’histoire de ses 10 ans, voilà l’histoire de ses 11 ans ! Elle est maintenant en CM2 dans la même école privée. Il y a eu des fraudes lors des élections des élèves délégués. Esther étudie Arthur Rimbaud et Paul Verlaine. Elle vient d’avoir un petit frère, Gaëtan. Il a de nombreux cheveux tout blond. Son avis sur les garçons a évolué, « Pour la première fois, il m’a fait un sourire TROP TROP MIGNON »
A l’école, Esther a 3 amoureux « on se parle jamais mais on se sourit et on sait que l’amour nous lie. » Après le vendredi 13 novembre et les nouveaux attentats, les élèves ont peur dans la cours de récréation. Plus tard, Esther veut devenir éditrice. Elle aime faire des listes comme des choses qu’elle trouve belles, des choses qui la rend joyeuse…
Pour tenter d’aller l’année prochaine dans un collège public très prestigieux du centre de Paris, Esther doit passer un test. Sinon, elle devra aller dans le même collège que son frère, « C’est une ZPEP, ça veut dire que c’est un endroit dangereux où la violence est de rigueur. »
Authentique et drôle, Esther est pleine de vie, de naïveté et de bon sens sur le monde qui l’entoure. A suivre…

Extrait : (début de la BD) (cliquer sur les planches pour les agrandir)

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Déjà lu du même auteur :

100708942 L’Arabe du futur : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)

106163512 L’Arabe du futur – Tome 2 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1984 – 1985)

114098671 L’Arabe du futur – Tome 3 : Une jeunesse au Moyen-Orient, 1985-1987

61Xcfw864ML Les Cahiers d’Esther : Histoires de mes 10 ans

C’est lundi, que lisez-vous ? [36]

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane

Qu’est-ce que j’ai mis en ligne la semaine dernière ?

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Les Cahiers d’Esther : Histoires de mes 10 ans – Riad Sattouf
La disparition de Stephanie Mailer – Joël Dicker
La Daronne – Hannelore Cayre

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

Retour sur l’île – Viveca Sten

Que lirai-je les semaines prochaines ?

L’Écart – Amy Liptrot (partenariat Éditions Globe)
Sarah Cohen-Scali – Orphelins 88 (partenariat Babelio)
Taqawan – Eric Plamondon
La femme qui fuit – Anaïs Barbeau-Lavalette
Le pensionnat – Michel Noël

Bonnes lectures et bonne semaine

 

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