Didier Jeunesse – septembre 2015 – 320 pages
Livre de poche jeunesse – novembre 2017 – 320 pages
Quatrième de couverture :
Elwyn est fils d’immigrés irlandais, Minnie, fille d’un chanteur itinérant noir. Ils se rencontrent dans une plantation, et tombent amoureux. Ils ont treize ans, et ne savent pas que leur vie est sur le point de basculer. Quelques jours plus tard, en effet, Minnie assiste au passage à tabac de son père par des hommes du Ku Klux Klan. Effondrée, elle saute dans le premier train, en partance pour Chicago.
Auteur : Tristan Koëgel est né en 1980 et vit à Aix-en-Provence. Après avoir été tour à tour distributeur de prospectus, garçon de café, pizzaïolo, animateur radio, écrivain public, il obtient une maîtrise de Lettres et enseigne la littérature et la langue française. Parallèlement à son activité d’enseignant, il écrit des poésies et collabore à plusieurs revues. Il a aussi l’ambition folle de visiter tous les pays du monde en ramenant à chaque fois une histoire à raconter.
Mon avis : (lu en juillet 2018)
J’ai d’abord été attirée par la beauté de la couverture de ce livre. En lisant, la quatrième de couverture, j’ai compris que l’histoire m’intéresserait également beaucoup.
Mississippi dans les années 40, Minnie, 13 ans, et son père vont de ferme en ferme et partagent leur musique avec ceux qu’ils rencontrent. Curtis joue de la guitare, Minnie de l’harmonica. Parce que Minnie s’est blessée à un pied, elle va devoir se reposer quelques temps dans une ferme et Curtis va aider ses hôtes à ramasser le coton. A cette occasion, Minnie va faire la rencontre d’Elwyn, un garçon de son âge, d’origine irlandaise, c’est le fils des gardiens du domaine Manu et Abbie Dalley. Ils sont attirés l’un par l’autre, mais ce n’est pas possible qu’une fille noire fréquente un garçon blanc… Pour faire régner l’ordre dans la plantation, Manu et Abbie Dalley sont secondés par l’Indien Nashoba qu’ils ont accueilli dans leur famille et qui est comme un grand frère pour Elwyn.
La musique est importante dans la vie de Minnie, de son père et des employés de la plantation, mais la réalité c’est également la violence à l’égard des noirs, la ségrégation et les actions du Ku Klux Klan… A la suite d’une attaque du Ku Klux Klan dans l’église lors d’un office, Minnie fuit laissant son père qu’elle croit mort. Elle se retrouve à la gare où elle monte dans un train en direction de Chicago, là-bas une nouvelle vie l’attend.
Tour à tour différents personnages sont les narrateurs, Minnie, Elwyn et Nashoba et leurs différents points de vue donnent du relief à cette histoire pleine de surprises…
J’ai découvert vers la fin de ma lecture, qu’une playlist regroupant les titres joués tout au long du roman est présente sur la 3ème de couverture (http://bit.ly/Bluebird-playlist), n’ayant pas internet sur mon lieu de vacances, je n’ai pas eu l’occasion de les découvrir.
Voilà un roman, intéressant, captivant et émouvant à découvrir sans hésiter !
Extrait : (début du livre)
Minnie
Le Sud m’avait tout pris : ma mère, mon père et mes rêves de petite fille.
Je m’étais juré de ne jamais y retourner. De ne jamais plus respirer l’air épais du Delta, qui vous serre la gorge comme les serpents étouffent leurs proies dans ses marais. De ne jamais plus poser le pied sur les terres boueuses des rives de son fleuve. J’étais née dans le Sud, j’y avais grandi et j’avais tout perdu dans cet enfer où on volait la vie des hommes pour les changer en bêtes. Seulement, voilà : assise dans mon compartiment, sur un siège confortable, entraînée par une locomotive qui sifflait comme un vieil harmonica malade, je laissais ce chemin de fer m’y reconduire sans vraiment protester.
Par la fenêtre s’étalait sous mon nez la vallée du Mississippi. Vaste. Verte. Elle n’était pas vilaine, cette vallée. Les hauts arbres de ses forêts où nichaient des milliers d’oiseaux la rendaient presque réconfortante quand on venait de la ville. Et ses champs, ses champs si grands, on s’y voyait courir, le parfum de leurs fleurs nous faisait déjà tourner la tête. Mais si on tendait l’oreille, au plus près de ces champs, on entendait monter une drôle de voix, par- dessus les forêts, plus haut que les nuages. La voix de ceux qui ont sculpté le Delta. La voix de ces hommes, et de ces femmes, qu’on disait libres et qui travaillaient pourtant comme des chiens, là où leurs ancêtres avaient déjà creusé leur tombe en raclant contre la terre les chaînes qui leur rongeaient les pieds. Ces voix ne gémissaient pas, ces voix chantaient. Des chansons où les chevaux s’évadent, où les lapins échappent aux renards, où les corbeaux sont plumés, et où les femmes finissent par s’en aller.
Voilà vers quoi je retournais, six ans plus tard, installée dans ce compartiment, comme une princesse dans son carrosse.
Je l’ai emprunté au CDI pour l’été mais je ne l’ai pas lu mais je le garde pour le mois de février pour mon African American History Month challenge 😉
J’aimeJ’aime