Qaanaak – Mo Malø

Lu en partenariat avec les éditions de La Martinière

515gGZkWBiL Editions de La Martinière – mai 2018 – 496 pages

Quatrième de couverture : 
Adopté à l’âge de trois ans, Qaanaaq Adriensen n’a jamais remis les pieds sur sa terre natale, le Groenland. C’est à contrecœur que ce redoutable enquêteur de Copenhague accepte d’aller aider la police locale, démunie devant ce qui s’annonce comme la plus grande affaire criminelle du pays : quatre ouvriers de plateformes pétrolières ont été retrouvés, le corps déchiqueté. Les blessures semblent caractéristiques d’une attaque d’ours polaire. Mais depuis quand les ours crochètent-ils les portes ?
Flanqué de l’inspecteur inuit Apputiku – grand sourire édenté et chemise ouverte par tous les temps –, Qaanaaq va mener l’enquête au pays des chamanes, des chasseurs de phoques et du froid assassin. Et peut-être remonter ainsi jusqu’au secret de ses origines.

Auteur : Mo Malø est l’auteur de nombreux ouvrages, sous d’autres identités. Il vit en France. Qaanaaq est son premier roman policier.

Mon avis : (lu en juin 2018)
Je viens à peine de commencer la lecture de ce roman policier et je suis déçue et en colère de découvrir que Mo Malø est le pseudo d’un auteur français… Tout d’abord car je pensais lire un auteur danois (pour mon Challenge Voisins Voisines autour des auteurs européens sauf français). J’ai été abusée par le bandeau du livre « Le polar qui vient du Groenland » est vraiment trompeur… Encore de la publicité mensongère !
Heureusement, après lecture, je reconnais qu’à travers une intrigue bien construite et passionnante l’auteur m’a embarqué au Groenland et j’y ai découvert beaucoup d’informations, sur la vie dans le Grand Nord, « dans ce pays constitutif du royaume de Danemark et territoire d’outre-mer associé à l’Union européenne »,  dans la deuxième plus grande île du globe avec une superficie équivalente à environ 3,5 fois la France. Le contexte politique avec le statut particulier d’autonomie, le contexte économique avec les enjeux pétrolier et écologique sont parties prenantes de cette histoire. La culture inuit est également présente avec les esprits de Sila, Nanook, Nuna, les « kaffemik » (pauses cafés), leur attachement pour leurs chiens… Et bien sûr, les paysages sont à couper le souffle…
L’enquête, plutôt complexe, est bien mené par le capitaine Qaanaaq Adriensen venu de Copenhague et l’inspecteur inuit Apputiku. Ce qui vient du Danemark, n’est pas vraiment le bienvenue…
Qaanaaq Adriensen porte un prénom inuit, car originaire du Groenland, il est le seul rescapé d’un massacre qui a détruit sa famille. Il avait 3 ans lorsqu’il a été envoyé au Danemark pour être recueilli par une famille adoptive. En arrivant pour son enquête sur la terre de ses ancêtres, il ne ressent rien et aucune attirance pour cette contrée hostile.
Qaanaaq est également le nom de la localité la plus septentrionale du Groenland, situé au nord-ouest, elle a été créée en 1953 avec l’aide des États-Unis pour loger les Inuits qui y ont été exilés de force, lors de la construction de la base aérienne de Thulé sur leurs terres ancestrales.
Apputiku, toujours souriant, accueille avec beaucoup de chaleur et de bienveillance ce collègue venue de Copenhague, aussi bien dans le cadre professionnel, que personnel car il invite Qaanaaq à habiter chez lui.
J’ai finalement beaucoup aimé ce roman policier, son cadre, ses enquêteurs attachants et professionnels et l’intrigue efficace et passionnante.

Merci Arnaud et les éditions de La Martinière pour cette belle découverte et ce  dépaysement dans l’immensité arctique.

Extrait : (début du livre)
L’enfant ouvre les yeux sur la nuit polaire.
Sous sa couverture de phoque, ce n’est pas de froid que grelotte la petite créature – elle a l’habitude. Elle vit déjà son troisième hiver interminable. Elle connaît tous les trucs, toutes les règles : les trois couches pour commencer, une en coton, une en laine, puis la peau tannée. Les tonnes de graisse animale à avaler chaque jour, comme une cuirasse calorique. Ça la dégoûte un peu. Mais il faut s’y faire.
Non, c’est autre chose qui l’a saisie. L’a arrachée au repos. Une autre évidence échappée des immensités blanches, bleutées de lune, qui a pris le pas sur son rêve.
Tous les Inuits le savent : rien de bon ne naît dans les songes.

Au-dehors, la violence des rafales cogne contre les pans de cuir tendus comme sur un tambour. Les esprits de la banquise hurlent la colère obstinée de leur vent fou – le pitaraq venu du désert de l’inlandsis. Ils n’annoncent que malheur. Ils parlent de peur, de larmes, de désolation. Ils répètent les visions funestes de l’angakkuq du village – mais qui écoute encore les élucubrations du chamane, de nos jours ?
Les coups rythment les battements sourds du cœur de l’enfant. Pourtant, sous la tente, tout est paisible. Dans un coin, un minuscule poêle à huile dispense son faible halo. Sila, l’âme de la famille, est en parfaite harmonie avec Nuna, leur terre nourricière. Sans cela, ils n’auraient pas mangé à leur faim avant le coucher. Sans cela, ils n’auraient jamais tenu jusqu’ici, tous les quatre. Son père n’est peut-être pas le meilleur chasseur de la région, ce n’en est pas moins un fier pisteur de narvals et d’ours. Les sens affûtés et l’instinct clair. S’il y avait un danger quelconque, il serait déjà debout. Le fusil épaulé. Aux aguets. Sa mère et Aka n’ont pas bougé non plus, amas de corps familiers, chaud et rassurant.
Mina perçoit l’odeur de mort qui rôde autour des peaux de rennes. Remparts dérisoires. La veille, une épaisseur de neige fraîche a recouvert la glace. Des bruits de pas ne seraient guère plus audibles que sur un tapis.
Mina écoute.
Le silence profond est parfois plus effrayant que les plus lugubres des plaintes.
– Anaana ! Anaana ! souffle l’enfant vers sa maman.
C’est peine perdue. Sa mère dort, prisonnière des qivitoq, les esprits malins qui accaparent son sommeil.

Petit bac 2018Lieu (6)

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