Seules les femmes sont éternelles – Frédéric Lenormand

Lu en partenariat avec les éditions de La Martinière

716CymSqm0L La Martinière – novembre 2017 – 288 pages

Quatrième de couverture :
Au début de la guerre de 1914, un policier décide de revêtir une identité féminine pour échapper à la mobilisation. Ray Février devient  » Loulou Chandeleur « , détective privé en bas de soie et chapeau à voilette. Ray-Loulou se rend compte qu’il est aussi bon flic en robe qu’en pantalon, et peut-être meilleur homme qu’auparavant.
Aux côtés de la patronne de l’agence de détectives, la charmante Miss Barnett – qui ne connaît pas son secret –, Loulou enquête sur une intrigante affaire de lettres de menaces. Quand le maître chanteur commence à mettre son plan à exécution et que les meurtres se multiplient, notre étonnant duo plonge dans une succession de surprises et de pièges périlleux.
Entre 1914 et 1918, ce sont les Françaises qui ont fait vivre le pays. Ce roman raconte leur émancipation et la difficulté d’être une femme en temps de guerre… surtout quand on n’en est pas une.

Auteur : Frédéric Lenormand, romancier à succès de la série Voltaire mène l’enquête (Lattès) et des Nouvelles enquêtes du juge Ti (Fayard), s’est inspiré pour Seules les femmes sont éternelles de l’histoire vraie de Paul Grappe, soldat déserteur qui s’est travesti en femme pour ne pas être envoyé dans les tranchées, et dont la vie a également été adaptée à l’écran par André Téchiné (Nos Années folles).

Mon avis : (lu en novembre 2017)
Pour échapper à la mobilisation en 1914, Ray Février, policier, décide de se travestir en femme. Il devient « Loulou Chandeleur » et trouve un travail de détective privé dans l’agence de détectives dirigée par Miss Cecily Barnett. Cette dernière ayant repris la direction de l’agence de son père parti à la guerre. Loulou Chandeleur va secouer le train train de l’Agence et apporter une enquête rémunératrice autour d’un maître chanteur.
C’est grâce à la bande dessinée Mauvais Genre – Chloé Cruchaudet que j’avais découvert ce fait réel, d’un homme qui s’était travesti pour échapper à la guerre. 
Dans ce roman policier, outre l’enquête à suivre autour du maître chanteur, le lecteur découvre la vie de Paris et des parisiens (surtout des parisiennes) durant la Première Guerre Mondiale. En effet, la plupart des hommes sont partis sur le front, les femmes s’émancipent et font vivre le pays.
Le personnage de Loulou est attachant, dans son costume de femme, Ray évolue et devient de plus en plus féministe… Il comprend mieux le sexisme que doit subir les femmes au quotidien. Cecily est également un personnage réussi, au contact de Loulou, elle prend de plus en plus confiance en elle et elle va revendiquer l’égalité de traitement entre femme et homme.

Merci Anaïs et les éditions de La Martinière pour cette lecture passionnante et originale.

Extrait : (début du livre)
La rue avait beaucoup changé depuis la déclaration de guerre d’août 1914. Aujourd’hui, le temps était clair, on pouvait espérer une belle journée sans pluie ni bombes. Les premières files d’attente commençaient à s’étirer devant les épiceries où s’affichaient des livraisons. Un fichu sur la tête, une balayeuse remplissait de gravats sa brouette à deux roues. Ray s’arrêta devant la vitrine d’un chausseur de luxe reconverti dans le matériel d’appoint, lampes à pétrole et masques à gaz. Il surprit son reflet au milieu de ce fourbi : un petit bonhomme à moustaches, pareil à des tas de petits moustachus que l’on coiffait d’un casque pour les envoyer charger, baïonnette en avant, d’autres bonshommes à moustaches. Sa qualité d’inspecteur de police lui avait épargné cela jusqu’à présent. Il priait chaque jour saint Joseph Fouché, patron des cyniques et des policiers, de prolonger ce miracle.
Dans le kiosque, le buraliste habituel avait été remplacé par une femme, peut-être la sienne. Ray lui acheta le dernier numéro de Charivari, et aussi Le Gaulois pour empêcher les collègues de voir qu’il lisait des parutions séditieuses. Le marchand prenait soin d’envelopper le méchant journal dans le gentil, sa remplaçante n’en fit rien, elle ne maîtrisait pas encore les ficelles du métier.
Ray se hissa à la volée sur la plateforme du tramway 24 qui brinquebalait vers l’île de la Cité. Cramponnée à un volant deux fois large comme un plat à tarte, la conductrice était si menue qu’il ne l’aurait jamais crue capable de maîtriser ce mastodonte.
Il tendit trois sous à la receveuse, une grande brune munie de la casquette et de la planche à tickets du fantôme qui effectuait ce travail la veille encore. Il fallait se rendre à l’évidence : chaque jour l’humanité féminine abordait de nouveaux domaines d’activité par un mouvement exactement proportionnel à la disparition
des hommes.
Il s’assit et déploya l’un des journaux. La qualité de l’encre avait encore baissé, certains mots étaient à deviner, surtout ceux qui auraient pu déplaire au gouvernement. Le vilain papier trop fin et mal blanchi se dépiautait, il comptait moins de feuilles, on avait perdu les pages « loisirs » jadis remplies de dessins, de billets d’humeur et de devinettes impertinentes. Le rire était subversif, il avait été jeté par-dessus bord le premier.
À force de vouloir remonter le moral des patriotes, la presse devenait déprimante. La consigne était de prétendre que la guerre allait être courte et victorieuse, alors qu’elle s’étirait et que nous étions en train de la perdre.
Sur la place de la Concorde, la statue monumentale en marbre de l’Alsace était ornée d’étendards flambant neufs et d’un macaron où l’on pouvait lire : « Française toujours ! » On apercevait, du côté de la tour Eiffel, la grande roue d’une fête populaire interrompue.

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C’est lundi, que lisez-vous ? [2]

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane

Qu’est-ce que j’ai lu cette semaine ?

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B.A.-BA. La vie sans savoir lire – Bertrand Guillot
Le jour où elle a pris son envol – Marko et Béka
Il ne faut pas parler dans l’ascenseur – Martin Michaud 
Cœur de bois – Henri Meunier, Régis Lejonc

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

Seules les femmes sont éternelles – Frédéric Lenormand (Editions de La Martinière)
La tresse – Laëtitia Colombani (Audiolib)

Que lirai-je les semaines prochaines ?

La sorcière – Camilla Läckberg
Les vieux fourneaux – tome 4 : La magicienne – Wilfrid Lupano et Paul Cauuet
Les cancres de Rousseau – Insa Sané (Babelio / Sarbacanne)

Bonnes lectures et bonne semaine

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Ayant changé de blog, j’ai remis le compteur à [1] pour ce rendez-vous…
Les précédents articles sont toujours disponibles en suivant le lien suivant,
Archives : C’est lundi, que lisez-vous ? [1] à [315]

Cœur de bois – Henri Meunier, Régis Lejonc

coeur de bois Édition notari – mars 2017 – 30 pages

Quatrième de couverture :
« Je ne comprends pas votre pardon ».
« Je ne vous ai rien pardonné ».
« Je suis désolé », bougonna le vieillard.
« Je n’ai pas besoin d’excuses non plus ».

Auteurs :
Régis Lejonc : Né en 1967, il vit et travaille à Bordeaux. Autodidacte, il est illustrateur professionnel depuis 1991. Il utilise le pastel sec comme technique. Suite à la découverte de l’illustration par le livre pour enfant, Régis Lejonc s’est lancé également dans l’écriture et partage son temps entre ses projets pour l’édition jeunesse, la publicité, la bande dessinée. Troisième lauréat du grand prix de l’Illustration, remis en juin 2010 au Centre de l’illustration de Moulins (Allier).
Après des études d’arts plastiques et un emploi de travailleur social pendant près de six ans dans les quartiers nord de Bordeaux, Henri Meunier se découvre, un peu par hasard, une passion pour la littérature jeunesse. Il commence à rédiger quelques récits qu’il garde dans ses tiroirs. Sa rencontre avec Régis Lejonc, intéressé par l’une de ses histoires, relance son envie d’écrire. Après avoir vécu à Bordeaux, Henri Meunier habite maintenant à Londres.

Mon avis : (lu en novembre 2017)
Parce que cet album a été présenté lors du Café lecture de le Bibliothèque que j’ai eu l’idée de l’emprunter pour le découvrir…
Il nous a été présenté comme un album pour adulte, plutôt original… J’ai donc été curieuse.
Je vais en dire le minimum car je veux laisser le lecteur découvrir par lui-même ce conte porté par un texte d’une grande sensibilité et ses illustrations captivantes.

Cela commence avec une femme qui se maquille et se fait belle avant de partir « faire une balade en forêt avec un vieillard impotent ».
Au fil des pages, le lecteur va découvrir une  réinterprétation originale d’un célèbre conte de notre enfance.
Les illustrations, aussi belles que des tableaux, sont en parfait accord avec le texte si mystérieux.
Après avoir lu jusqu’à la fin cet album, je n’ai pas pu m’empêcher de le relire plusieurs fois pour en découvrir tous les détails du texte et des dessins… Une très belle découverte inattendue !
J’ai interrogé la bibliothécaire sur quelle étagère elle allait mettre ce livre « inclassable », elle ne savait pas vraiment, sans doute dans le rayon des Bandes Dessinées Adultes.
J’ai remarqué que chez Am*z*n cet album est classé pour 3 ans et plus… , chez Fn*c pour 6 ans et plus…, pour Babelio il a l’étiquette littérature jeunesse…

Extrait : (début de l’album)
Aurore força le trait de khôl sur ses yeux. Elle coinça sous son béret quelques mèches revêches, déposa deux gouttes de parfum à la naissance de son cou et enfila son caban.
Elle s’apprécia une dernière fois dans le miroir. « La plus belle, c’est moi. Et merde à Blanche Neige ! », gloussa-telle. La quarantaine généreuse, une allure de jeune femme et un teint de gamine, en vérité Aurore n’avait besoin d’aucun artifice pour faire ravage. Mais les soins précautionneux qu’elle portait à son apparence étaient pour elle comme le bon pain : une nécessité heureuse.
Même pour une balade dans la forêt avec un vieillard impotent, elle voulait être irrésistible.

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Il ne faut pas parler dans l’ascenseur – Martin Michaud

Lu en partenariat avec Babelio et Kennes éditions

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Il ne faut pas parler dans l'ascenseur Kennes Editions – septembre 2016 – 405 pages

Quatrième de couverture :
Une jeune femme s’éveille après vingt-quatre heures passées dans le coma et se lance à la recherche d’un homme qui semble ne pas exister. Un meurtrier sans merci décide que chacun doit payer pour ses fautes et applique sa propre justice. Des meurtres commis à une journée d’intervalle dans des circonstances identiques tourmentent le responsable de l’enquête, le sergent-détective Victor Lessard, de la police de la Ville de Montréal.

Auteur : Né en 1970, établi à Montréal depuis plus de vingt ans, Martin Michaud a longuement pratiqué le métier d’avocat d’affaires avant de se consacrer pleinement à l’écriture. Reconnu par la critique comme le chef de file des écrivains de romans policiers québécois, il a obtenu un succès sans cesse grandissant avec ses sept thrillers, qui lui ont valu la reconnaissance du public et de nombreux prix littéraires. Outre ses activités de romancier, il scénarise d’après son œuvre une série intitulée Victor Lessard diffusée en février 2017.

Mon avis : (lu en novembre 2017)
Ce livre est le premier de la série Victor Lessard, un enquêteur de la police de Montréal.
Au début, ce livre est déroutant. Le lecteur est perdu car il y a plusieurs narrateurs, plusieurs histoires qui se croisent pour finalement n’en faire qu’une.
Un meurtrier qui a décidé de faire payer leurs fautes à plusieurs victimes.
Une jeune femme qui se fait renverser par une voiture noire et qui vingt-quatre heures plus tard tente désespérément de retrouver l’homme qui l’a secourue.
Victor Lessard qui doit délaisser l’enquête sur l’accident de la jeune femme pour tenter d’élucider les meurtres de deux hommes…
L’auteur alterne les différents histoires en courts chapitres qui sont comme les différentes pièces d’un puzzle qui au fil de l’enquête vont s’assembler. L’intrigue est rythmée, les indices sont distillés avec finesse pour faire progresser lentement l’enquête et quelques rebondissements sont également présent pour tenir le lecteur en haleine.
Le texte est la version originale québécoise, en prêtant attention, le lecteur pourra alors découvrir quelques expressions locales.
Dans ce premier roman, Victor Lessard se dévoile peu, c’est un enquêteur rebelle avec  sa hiérarchie, divorcé, ancien alcoolique et tourmenté. J’ai beaucoup apprécié cette lecture et je continuerai certainement à découvrir cet auteur avec les autres tomes de la série.

Merci  Babelio et Kennes éditions pour cette belle découverte.

Extrait : Ville de Québec
L’obscurité.
Les paupières closes, il essaya de recréer une image mentale du visage, mais la vision s’estompait.
Pendant une fraction de seconde, il crut voir apparaître la naissance des sourcils, puis tout se brouilla. Quoi qu’il tente, il demeurait incapable de visualiser les yeux.
Lorsque les yeux aspirent la mort, ils ne reflètent que le vide. Je ne peux me représenter un tel vacuum.
Il secoua la tête. Sa vie n’était plus qu’un rêve, enfoui dans un autre rêve.
L’attente.
Les impacts réguliers sur les carreaux. La pluie cessa peu avant 20 h.

Accroupi dans l’obscurité, derrière le comptoir de la cuisine, il inspecta de nouveau l’arsenal étalé devant lui : un sac de hockey sur roulettes, une valise métallique, une pile de serviettes et une bouteille de nettoyant tout usage. Il demeurait invisible depuis l’entrée. Il n’aurait qu’à bondir vers l’avant pour atteindre l’homme.
Deux heures auparavant, il avait garé la voiture dans la rue et neutralisé le système d’alarme. Avant de quitter le véhicule, il avait rangé son ordinateur portable dans un sac à dos et glissé celui-ci sous la banquette arrière.
Il avait procédé avec méthode. Tout était en ordre.
Il caressa le manche du couteau fixé à sa cheville.
Bientôt, il allait extraire la mort de la mort.
 
L’homme qu’il s’apprêtait à tuer menait une vie rangée, dont il connaissait par coeur les moindres détails : le jeudi, il terminait son travail à 20 h 30 ; il s’arrêtait ensuite acheter un surgelé au supermarché avant de regagner son domicile ; dès son arrivée, il réchauffait son repas au micro-ondes et avalait le tout devant son téléviseur, calé dans un fauteuil
confortable.
Il était entré dans la maison à quelques reprises en l’absence de l’homme.
Il avait parcouru la pile de DVD que ce dernier rangeait dans une bibliothèque et noté avec dédain qu’il ne s’intéressait qu’aux séries américaines.
Les gens ne font que s’étourdir avec des divertissements grossiers et génériques.
Il avait aussi constaté que la maison, vaste et luxueuse, contrastait avec les habitudes de vie frugales de son propriétaire. Au salon, il avait observé un échiquier de marbre et les détails d’ornementation des pièces, finement ciselées.

Une telle maison était destinée à accueillir une famille et des enfants, pas une personne seule. Les gens perdaient le sens des vraies valeurs. Le culte de l’individualisme, du chacun-pour-soi, le révoltait.

Plus personne n’assume les conséquences de ses actes. Pour se disculper, on se contente de pointer le doigt vers ceux qui font pire que soi.
L’homme paierait pour ses fautes. Il s’en assurerait.

Le jour où elle a pris son envol – Marko et Béka

71erZVudAIL Bamboo éditions – août 2017  – 70 pages

Quatrième de couverture :
Depuis sa rencontre avec Antoine, le sage-épicier, Clémentine a changé pas mal de choses dans sa vie. Mais elle n’a toujours pas trouve ce qu’elle cherchait : le bonheur et l’apaisement. Quand elle retourne à l’épicerie, Clémentine fait la connaissance de Simon, un physicien apiculteur ami d’Antoine. Grâce à lui, Clémentine va entrevoir tous les chemins de vie possibles qui s’offrent à elle. Mais comment faire pour trouver le bon ? Pour le savoir, une seule solution… essayer !

Auteurs : BeKa, c’est en fait l’alchimie formée par Caroline Roque et Bertrand Escaich. Caroline prépare un doctorat en chimie quand Bertrand commence déjà à écrire ses premiers scénarios de bandes dessinées. Quand elle quitte ses molécules, Caroline écrit des nouvelles destinées à être adaptée à son autre passion : le cinéma. Lorsque l’une d’entre elles reçoit le prix des cinémas d’Art et d’Essai de Toulouse, la tentation de quitter la chimie pour l’écriture devient trop forte. Caroline et Bertrand vont dès lors cultiver à deux leur talent pour la vie et pour l’écriture. Bertrand entraîne Caroline du coté de la bande dessinée et ils créent ensemble plusieurs séries à succès, notamment les RUGBYMEN et STUDIO DANSE, qui dépassent le million d’exemplaires vendus. 
Marko contribue à la culture régionale basque en tant que dessinateur de presse pour Le Journal du Pays Basque. Il produit des BD aux titres incompréhensibles tels que Marratiudazu gutun bat ou Iltazazuko koblakariak. Sa rencontre avec Olier marque ses débuts dans la BD avec Agence Barbare, puis El’z’avintures ed’Biloute, une BD en ch’ti, suivie des Godillots.

Mon avis : (lu en novembre 2017)
Cette BD est la suite de Le jour où le bus est reparti sans elle . On retrouve quelques personnages du tome 1, mais celui-ci peut être lu indépendamment.
Clémentine a repris sa vie en main, elle a un nouveau copain, elle est passionnée par son travail. Mais pourtant un matin, elle ressent un malaise, elle a bien repris confiance en elle mais elle ne se sent pas réellement épanouie… C’est décidé, elle va aller revoir Antoine, lui va pouvoir l’aider à trouver son chemin de vie…
Mais Antoine n’est pas là, il est parti voyager et il a laissé l’épicerie à Simon, physicien quantique, passionné d’apiculture. Antoine a laissé une histoire pour Clémentine dans lequel il l’encourage à prendre les chemin les plus fous…

Et voilà Clémentine partie pour un voyage vers l’inconnu. Avant de partir, Simon lui offre le livre « En même temps toute la terre et tout le ciel » de Ruth Ozeki.
Première destination : Berlin, elle y rencontrera Olivia puis Lun Xu.
Deuxième destination : Les Iles Lofoten en Norvège où elle retrouve Thomas (cf. tome 1) qui lui offre le livre « L’homme qui plantait des arbres » de Jean Giono.
Puis, c’est destination Bali où Clémentine retrouve Chantal (cf. tome 1) et rencontre Wayan, artiste peintre, la lecture proposée est « La bibliothèque des cœurs cabossés » de Katarina Bivald.
Enfin, ce sont les retrouvailles avec Antoine à Osaka au Japon… Grâce à ce voyage autour du monde et toutes ces rencontres, Clémentine va pouvoir réfléchir et trouver son chemin de vie.
Une  BD zen et pleine d’optimisme, très agréable à découvrir.

Extrait : (cliquer sur les planches pour les agrandir)

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Déjà lu des même auteurs :

81ZBpYBcrbL Le jour où le bus est reparti sans elle

B.A.-BA. La vie sans savoir lire – Bertrand Guillot

51u6VHoFogL Rue Fromentin – janvier 2011 – 224 pages

Quatrième de couverture :
En 2008, Bertrand Guillot pousse la porte d’un cours d’alphabétisation pour adultes, dans le 20e arrondissement de Paris. Il s’apprête à donner son premier cours. Sa motivation est la même que celle de milliers de bénévoles en France : se rendre utile et abandonner les oeillères du quotidien. Ecrit à la première personne, rythmé par des chapitres courts, B a-ba a tout d’un récit d’aventure. Celle d’un « professeur » débutant, tout d’abord. L’auteur est poussé dans le grand bain sans méthode, ni conseils. Après tout, il sait lire, non ? B + A = ba ? Pas si simple. Le costume de « professeur » taille soudain grand face à des « élèves » qui ont bien souvent vécu mille vies et Guillot prend soudain conscience de l’ampleur de la tâche. Le plus sage serait sans doute d’abandonner sur le champ. Il y pense. Pourtant… Sans vraiment se l’expliquer, il va poursuivre ses cours (il en donne toujours aujourd’hui) et vivre un an avec ses élèves, au rythme des joies et des désillusions. Une année dont il a tiré un livre : B a -ba.
Cette force de volonté anime le livre. B a-ba n’est jamais larmoyant ou accusateur. Les cours sont l’occasion de dialogues drôles. Les situations sont vues avec un regard réaliste, jamais simplificateur, qui évoque parfois Entre les murs.
Car B a-ba est avant tout le récit d’une aventure humaine. La majorité des élèves travaillent, sans papiers, en France. Au fil des cours, l’auteur découvre leurs destins. Chômage, identité nationale, intégration… c’est l’actualité du pays qui défile avec un éclairage nouveau : celui d’hommes et de femmes qui pensent que tout peut changer s’ils apprennent à lire et à écrire.

Auteur : Bertrand Guillot, 35 ans, s’est retrouvé un beau jour avec le diplôme d’HEC en poche. Il en fut le premier surpris, décida de laisser le prestigieux papier prendre la poussière et se détourna de la voie tracée. Devenu journaliste, il publie son premier roman en 2007, Hors jeu (Le Dilettante), qui est sorti en poche cet été chez J’ai Lu. Après l’écriture de plusieurs scénarios, Bertrand Guillot a écrit aujourd’hui B.a- ba, consacré à son expérience dans l’alphabétisation pour adulte, aux éditions rue Fromentin. Il poursuit son activité de journaliste tout en continuant à donner des cours d’alphabétisation dans le 19e arrondissement de Paris.

Mon avis : (lu en octobre 2017)
Comme notre langue est difficile à apprendre pour un étranger !
L’auteur nous raconte son expérience de professeur bénévole d’alphabétisation dans une association. Il donne un cours un soir par semaine, il n’a pas été formé, on lui a donné quelques conseils, quelques exercices à faire faire. Nous suivons au jour le jour les progrès ou les désillusions des élèves et du professeur qui s’adapte à son public, aux difficultés rencontrées…
Il nous raconte la vie de ses élèves qui ont des histoires plus émouvantes les unes que les autres. Il critique les méthodes et teste par lui même la syllabique et la globale… Il y a l’apprentissage de la lecture mais également de l’écriture… Et ce n’est pas simple pour des élèves qui n’ont jamais été à l’école même enfant…
Voilà un livre d’une grande sensibilité, les pages sont à la fois pleines d’humour et d’humanité. A lire sans hésiter !

Extrait : (page 50)
Ladi se lance d’un ton hésitant : « J’aime le café. » Hamdoulillah. Qu’il essaie donc de l’écrire, maintenant.
– Mais… Je peux pas.
– Pourquoi ?
Il dit qu’il n’y arrivera jamais, les deux autres opinent, « On n’a que un mois de cours », dit Nabil. Bien sûr, je suis conscient de la difficulté extrême de l’exercice – comme un élève de latin qui passerait soudain de la version au thème. Mais mon petit doigt est sûr de lui. Le Grand Pédagogue est en retrait, il attend de voir. Je les rassure, leur dis qu’on se fout de l’orthographe (de quoi ?), qu’il s’agit simplement d’écrire les sons qu’ils entendent – au moins d’essayer, je suis avec eux pour y arriver.
Je ne sais pas lequel de ces mots a résonné dans l’esprit de Ladi, mais le voilà finalement qui jette son stylo sur la feuille.
Gm le kf
Yo ! Je renvoie à plus tard l’explication du « J’ », puis lettre après lettre nous faisons naître la phrase. Nabil a assisté à l’événement, il est prêt maintenant, en équipe avec Cheikhou.
G ve di t
Me voici de nouveau en prise avec le cerveau de chacun. Découverte étonnante : Nabil ne sait pas plus lire que Ladi, et pourtant tous deux semblent avoir la pensée structurés en arabe : ils voient les consonnes, oublient les voyelles.
Je tente une autre phrase avec Ladi, heureux de voir qu’il s’accroche, les traits fatigués mais l’œil rallumé, comme s’il venait de prendre soudain conscience d’une lointaine possibilité.
Pendant ce temps, sur la table d’à côté, Nabil et Cheikhou sont en plein débat sur la manière d’écrire « Bonjour ».
BNOGOU.
Certes.

C’est lundi, que lisez-vous ? [1]

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane

Qu’est-ce que j’ai lu cette semaine ?

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Le groupe – Jean-Philippe Blondel
Le jour d’avant – Sorj Chalandon
Astérix et la Transitalique – Jean-Yves Ferri, Didier Conrad

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

Il ne faut pas parler dans l’ascenseur – Martin Michaud (Babelio – Kennes éditions)
Seules les femmes sont éternelles – Frédéric Lenormand (Editions de La Martinière)

Que lirai-je les semaines prochaines ?

La sorcière – Camilla Läckberg
La tresse – Laëtitia Colombani

Bonnes lectures et bonne semaine

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Astérix et la Transitalique – Jean-Yves Ferri, Didier Conrad

asterix Éditions Albert René – octobre 2017 – 48 pages

Quatrième de couverture :
Les personnages créés par les deux génies du 9e art Albert Uderzo et René Goscinny sont de retour !
Après Astérix chez les Pictes et Le Papyrus de César, Astérix et Obélix reviennent dans Astérix et la Transitalique, le nouvel album signé par les talentueux Jean-Yves Ferri et Didier Conrad.
N’en déplaise à Obélix, les Italiques, les habitants de l’Italie, ne sont pas tous des Romains, au contraire !
Les Italiques tiennent à préserver leur autonomie et voient d’un mauvais œil les velléités de domination de Jules César et ses Légions.
Dans Astérix et la Transitalique, nos héros favoris s’engagent dans une aventure palpitante à la découverte de cette surprenante Italie antique !

Auteurs : Jean-Yves Ferri pour le scénario. Oscillant entre humour et tentative de réhabilitation d’un certain mode de vie campagnard, il se démarque du reste de la production par un ton particulier. De sa jeunesse, il garde son amour immodéré du terroir et l’insuffle dans ses planches. Dès 1993, il fait son entrée parmi la caste des auteurs de Fluide Glacial. Ses ‘Fables autonomes’, parues au format album en 1996 et en 1998, évoquent une condition rurale âpre. Ardent défenseur du monde paysan, il n’en traite pas moins avec décalage et cynisme par le biais de l’autre série qu’il développe dans les pages de Fluide Glacial, celle des aventures d »Aimé Lacapelle’, sorte de policier rural à la gouaille inégalée. Auteur et dessinateur, c’est en s’associant avec Manu Larcenet qu’il rencontre massivement le public. Leur oeuvre commune, ‘Le Retour à la terre’, entamée en 2002, témoigne de la difficulté de vivre sans racines et fait preuve d’une sensibilité rare. Entre humeurs bucoliques et regard doux-amer, Jean-Yves Ferri est un artiste dans le système mais définitivement à part.

Didier Conrad pour le dessin. Né le 6 mai 1959 à Marseille, il fait ses débuts en 1973 avec une « Carte blanche » humoristique de deux pages pour SPIROU. Il s’associe avec Yann pour illustrer « Jason », un scénario fantastique de Mythic. Avec son complice, il va former le premier duo d’affreux jojos de la bande dessinée en multipliant, au début des années 80, des animations corrosives dans SPIROU (les célèbres hauts de pages), la satire des séries réalistes traditionnelles avec les « Innommables » et la parodie avec « Bob Marone ». Séparé de son conseiller en pastiches, Conrad commence en 1984 une œuvre personnelle : c’est « L’Avatar » qui préfigure selon lui, « Le Piège Malais », publié en deux volumes six ans plus tard dans la prestigieuse collection « Aire Libre » et dont une intégrale a été proposée en 1999. Conrad crée ensuite, en 1991, une série pour les plus jeunes lecteurs : « Donito », dont quatre aventures se succéderont chez Dupuis avant qu’il renoue pour Dargaud avec les « Innommables » et son complice préféré, Yann. Sous le pseudonyme commun de « Pearce », ils vont explorer la jeunesse de Lucky Luke dans « Kid Lucky », sur un scénario de Jean Léturgie, chez Lucky Productions. Son dessin nerveux et joliment disneyien lorsqu’il ne s’attaque pas au bazooka aux univers classiques le fait remarquer par les chasseurs de tête de Spielberg qui s’efforceront un moment de canaliser son inspiration pour les studios Dreamworks aux états-Unis. Le dessin animé d’outre-Atlantique n’étant apparemment pas sa tasse de thé préférée, « Pearce » vient de relancer une série drolatiquement western sur scénario de Jean Léturgie : « Cotton Kid », un petit môme de l’Ouest.

Mon avis : (lu en novembre 2017)
J’ai un avis plus mitigé sur ce nouvel album d’Astérix. L’idée d’envoyer Astérix et Obélix participer à une course en Italie était plutôt bonne, de même que de montrer que l’Italie n’est pas simplement romaine car il y avait d’autres peuples (étrusques, ligures, vénitiens…) qui refusaient la domination romaine.
Cette aventure fait penser à l’album du Tour de Gaule puisque lors de la course nos deux gaulois vont faire un long périple en traversant en Italie et passer par Parme, Florence, Pise, Venise, Naples… L’histoire commence bien, mais ensuite elle s’essouffle et le dénouement est sans surprise…
Il y a bien quelques références à l’actualité, quelques jeux de mots pour les noms des personnages : un vendeur de voitures d’occasion qui s’appelle Pocatalitix, un sénateur Lactus Bifidus, un dentiste Bioétix,sans oublier deux participants à la course Zerogluten et Betakaroten.
Je n’ai pas aimé l’absence des deux pages d’introduction de tout Astérix, c’est à dire la carte de la Gaule et le texte “Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non. Un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours et à l’envahisseur…” ainsi que la page de présentation des quelques gaulois.
Supprimer ces deux pages est sacrilège !

Extrait : (cliquer sur les planches pour les agrandir)

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Déjà lu des même auteurs :

Pictes-226x300 Astérix chez les Pictes 107590612 Le Papyrus de César

Le jour d’avant – Sorj Chalandon

71vO6XPK27L Grasset – août 2017 – 336 pages

Quatrième de couverture :
«  Venge-nous de la mine  », avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis, poings levés au ciel après sa disparition brutale. J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, parti en paysan. Venger ma mère, esseulée à jamais. J’allais punir les Houillères, et tous ces salauds qui n’avaient jamais payé pour leurs crimes.

Auteur : Après trente-quatre ans à Libération, Sorj Chalandon est aujourd’hui journaliste au Canard enchaîné. Ancien grand reporter, prix Albert-Londres (1988), il est aussi l’auteur de sept romans, Le Petit Bonzi (2005), Une promesse (2006 – prix Médicis), Mon traître (2008), La Légende de nos pères (2009), Retour à Killybegs (2011 – Grand Prix du roman de l’Académie française), Le Quatrième Mur (2013 – prix Goncourt des lycéens) et Profession du père (2015).

Mon avis : (lu en octobre 2017)
Décembre 1974, 42 mineurs meurent dans la catastrophe minière de Liévin dans le Pas de Calais. Michel, 16 ans, vient de perdre son frère Jojo. Michel voue une admiration sans borne à son frère aîné, il est son modèle.

Quelques semaines plus tard, le père de Michel et Joseph meurt également,  il n’a pas supporté la mort de son fils. Le père a laissé à Michel un mot sur lequel est écrit :  » Venge nous de la mine ! « 
Un testament terrible qui hantera Michel toute sa vie. Un sentiment d’injustice qui nourrira son besoin de vengeance… Et voilà que quarante ans plus tard, Michel revient à Saint-Vaast-les-Mines, la ville de son enfance pour y régler ses comptes avec le passé.
C’est un roman palpitant sur un drame familiale, dans le contexte d’un monde du travail impitoyable.
A mi-roman, l’histoire prend une tournure inattendue et le lecteur est bousculé… Sorj Chalandon a pris beaucoup de soin pour dépeindre la psychologie de Michel durant toute l’histoire, aussi bien dans le présent que dans le passé.
C’est un roman sur la mémoire et sur la culpabilité.

Extrait : (début du livre)
(Liévin, jeudi 26 décembre 1974)
Joseph, serré tout contre moi. Lui sur le porte-bagages, jambes écartées par les sacoches comme un cow-boy de rodéo. Moi penché sur le guidon, main droite agaçant la poignée d’accélération. Il était bras en l’air. Il chantait fort. Des chansons à lui, sans paroles ni musique, des mots de travers que la bière lui soufflait.
Les hurlements de notre moteur réveillaient la ville endormie.
Mon frère a crié.
— C’est comme ça la vie !
Jamais je n’avais été aussi fier.

*

J’avais conduit la mobylette de Jojo une seule fois avant cette nuit-là. En rond dans notre cour de ferme, comme un cheval de manège empêché par sa longe. Il avait acheté cette Motobécane pour remplacer la vieille Renault qu’il n’utilisait plus. Il ne réparait pas sa voiture, il la ranimait. Et la laissait vieillir le long du trottoir.
— On s’en servira le dimanche.

À vingt-sept ans, mon frère avait aussi abandonné son vieux vélo pour le cyclomoteur.
— La Rolls des gens honnêtes, disait-il aussi.
Contre une pièce de monnaie, je frottais les chromes, j’enlevais la boue qui piquetait les fourches, j’essuyais les phares, je graissais le pédalier. J’avais le droit de ranger les outils sous la selle. Tout le monde l’appelait « la Bleue ». Mon frère l’avait baptisée la Gulf, comme la Porsche 917 conduite par Steve McQueen dans Le Mans, un film que Jojo m’avait emmené voir en français au Majestic.
Steve McQueen jouait le pilote automobile Michael Delaney.
— Chez nous, Michael Delaney se dit Michel Delanet, m’avait expliqué mon frère.
J’étais sidéré. Delanet et moi avions le même prénom.
Steve McQueen était le héros américain de mon enfance. Je l’avais vu dans Les Sept Mercenaires, La Grande Évasion, Bullitt. J’imitais son sourire dans la glace, sa façon de froncer les sourcils. Au collège, lorsque quelqu’un me provoquait, je fermais les lèvres, comme lui. Je lui empruntais un peu de sa moue. Mon frère jurait que Steve McQueen et moi avions la même ombre sur le visage. Et que mon silence ressemblait au sien.
— C’est fou, il a tes yeux, avait-il encore murmuré.

Le Mans était un film étrange. Aucun scénario, une musique énervée. Cela ne ressemblait pas à du cinéma. Sauf le début. Une minute de silence, juste avant la course.

Déjà lu du même auteur :

Retour___Killybegs  Retour à Killybegs  mon_traitre_p Mon traître  le_petit_bonzi_p Le petit Bonzi  

la_l_gende_de_nos_p_res_p La légende de nos pères  sorj_chalandon_le_quatrieme_mur Le quatrième mur 

95082944 Le quatrième mur (audio) profession du père Profession du père

Le groupe – Jean-Philippe Blondel

9782330075521 Actes Sud Junior – mars 2017 – 125 pages

Quatrième de couverture :
« On a tous été très secoués. Par toutes les histoires. Les fausses. Les vraies. C’est comme si nous avions été projetés à l’intérieur d’un film très réaliste. Juliette et Camille s’essuyaient les yeux. Boris fixait le plafond pour contrer l’émotion. Mais le plus troublant, c’était Mme Grand. Alors, elle, toutes les digues ont lâché. Elle était carrément en PLS. C’est bizarre de voir un adulte pleurer ». Durant cinq mois, dix élèves de terminale et deux professeurs se réunissent une heure par semaine dans un monde clos pour écrire. Pour tous, c’est un grand saut dans l’inconnu. Les barrières tombent, ils seront tous au même niveau, à découvert. Un groupe à part.

Auteur : Jean-Philippe Blondel enseigne l’anglais dans un lycée près de Troyes. En parallèle de son oeuvre jeunesse, entièrement publiée chez Actes Sud junior, il est auteur en littérature générale aux éditions Buchet/Chastel (Un hiver à Paris et Mariages de saison). Chez Actes Sud junior, il signe Un endroit pour vivre, Au Rebond, (Re)Play !, Blog, Brise glace, Double Jeu et La Coloc.

Mon avis : (lu en octobre 2017)
Marion Grand, professeur de philosophie, propose à François Roussel, professeur d’anglais et écrivain, de monter un atelier d’écriture avec des élèves de terminale de leur lycée.
Ils seront dix élèves et deux profs, ils se réunirons une heure par semaine dans une salle, ils seront tous au même niveau. Le groupe va s’entraîner à écrire avec des contraintes. Il n’y aura ni conseils, ni jugement. A chaque séance, François propose des petits exercices qui amènera le groupe à réfléchir, à se raconter, à donner ses sentiments, ses interrogations…
Chaque chapitre est une séance d’atelier d’écriture, le lecteur découvre l’intitulé de l’exercice et quelques textes résultats. Au fil de l’histoire, on apprend à connaître les dix élèves : Léo, Émeline, Nina, Boris, Maxime, Juliette, Camille, Élisa, Valentine, Morgan et les deux profs : François et Marion. En effet, à travers l’écriture, chacun va se dévoiler, raconter sa vie de lycéen ou de profs.
Dans le prologue, l’auteur explique qu’il s’est inspiré d’une expérience avec ses élèves pour créer cette histoire. Mais où commence la fiction et où s’arrête la vérité ?
J’ai beaucoup aimé ce roman polyphonique, les personnages sont attachants et touchants, cette découverte par l’intérieur d’un atelier d’écriture est intense et passionnante !

Extrait : (début du livre)
AVANT CETTE ANNÉE, je n’avais jamais mêlé mes deux professions – enseignant et romancier. Elles étaient deux tenues différentes que j’enfilais au moment opportun. Je pensais qu’il était impossible de les cumuler. Et puis en octobre dernier, un soir, alors que ma collègue de philosophie, Marion Grand, et moi prenions un café dans la salle des profs, après une journée particulièrement éprouvante, elle m’a demandé pourquoi je n’avais jamais organisé d’atelier d’écriture ici, dans cet établissement dans lequel j’enseigne depuis vingt ans. J’ai haussé les épaules, j’ai dit que cela m’avait déjà traversé l’esprit mais que je ne me sentais pas légitime. Elle m’a demandé d’y réfléchir. Pour les terminales. Les littéraires d’abord, bien sûr, mais pas seulement. Sur la base du volontariat. Une heure par semaine ou par quinzaine.
J’ai pensé que nous en resterions là.
Mais elle est revenue à la charge, Marion. Elle est têtue. Elle y tenait. Pour les élèves. Et pour elle, aussi. Parce qu’elle animerait cet atelier avec moi. Elle avait envie d’écrire, elle s’y mettait parfois, mais elle bloquait vite. Elle avait besoin d’un déclencheur, et elle avait décidé que ce déclencheur, ce serait moi. Nous. Un groupe. Une cohorte qui se retrouve pendant soixante minutes dans un coin du lycée, au calme, pour écrire. La proviseure avait trouvé l’idée formidable. Elle aurait voulu qu’on en fasse la publicité mais Marion avait expliqué que nous devions déjà nous assurer d’avoir un minimum de clients. Et puis, il valait peut-être mieux être discret, en fait. Les écrivains prennent mal la lumière. Et certains collègues pourraient mal réagir. Après tout, Marion et moi, nous n’étions pas enseignants de lettres. Eh oui, nous étions des sortes d’usurpateurs.
Toujours est-il que nous avons obtenu un financement en heures supplémentaires et le droit de nous réunir dans une pièce qui ne ressemblait pas à une salle de classe – moquette, tableaux aux murs, atmosphère chaleureuse et même une machine à café. Quand Marion m’a présenté le projet noir sur blanc, j’ai ironisé.
— Ne manquent plus que les participants, alors !
Elle a répliqué qu’elle en faisait son affaire.
Avant même que Marion ne parle du projet aux élèves dont elle avait la charge et moi aux miens, je savais que j’allais accepter. J’ignorais où nous allions. Mais oui, je voulais bien être le capitaine.

Déjà lu du même auteur :

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